Jouer à Tetris pour lutter contre le stress post-traumatique
09 janvier 2019
Faizal-Ramli/Shutterstock.com
Pour lutter contre les visions cauchemardesques liées à un stress post-traumatique, des chercheurs allemands avancent un traitement inédit et plaisant. Selon eux, jouer au jeu vidéo Tetris pourrait atténuer ces souvenirs récurrents.
L’un des symptômes de l’état de stress post-traumatique (ESPT) est la récurrence de souvenirs visuels traumatisants. « Des traitements efficaces existent », note le Dr Henrik Kessler, de l’hôpital universitaire de Bochum en Allemagne. « Mais dans la mesure où il y a plus de patients que de lieux de soins, nous cherchons toujours des thérapies qui non-conventionnelles ». Et celle qu’il propose est pour le moins inattendue.
Voilà une dizaine d’années, une équipe avait montré que Tetris – jeu vidéo indémodable qui consiste à réaliser des lignes complètes en assemblant des briques – pouvait supprimer les images traumatiques engendrées par la vision d’un film d’horreur. Les scientifiques germaniques ont donc tenté d’extrapoler ce travail au stress post-traumatique.
Jouer pour créer des interférences sur les souvenirs
L’expérience a porté sur 20 sujets, tous hospitalisés pour une forme grave d’ESPT. En plus des thérapies classiques, ils ont été soumis à une intervention spéciale : écrire sur une feuille de papier l’un de leurs souvenirs les plus stressants. Feuille qu’ils ont ensuite déchirée (sans mentionner le contenu aux médecins). Enfin, ils ont été invités à jouer à Tetris durant 25 minutes.
Résultat, pour 16 patients sur 20, si des expériences violentes ont continué à faire surface, la fréquence de survenue a considérablement diminué.
Pour les scientifiques, « en visualisant des souvenirs de détails stressants, le patient active des zones de traitement visiospatial. Des zones qui sont aussi nécessaires pour jouer. Les deux tâches mobilisent donc des ressources comparables et limitées, ce qui entraîne des interférences. »
« Dans notre étude, l’intervention était supervisée par un membre de l’équipe, mais il ne jouait pas un rôle actif et ne lisait pas les souvenirs traumatiques écrits », conclut le Dr Kessler. « Nous espérons donc mettre au point un traitement que les gens pourraient effectuer eux-mêmes. »
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Source : Ruhr-University Bochum, 8 janvier 2019
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon