L’homéopathie à l’hôpital ? Des maternités aux services lourds
10 septembre 2006
Ses patients souffrent d’hépatite B ou C mais aussi du SIDA. Et pourtant dans son arsenal thérapeutique, il y a… l’homéopathie ! Loin de l’image rebattue du mandarin, le Pr Christian Trépo prête une oreille attentive aux demandes de ses malades.
L’histoire a commencé au milieu des années 80. Par un constat très simple : « une étude interne avait montré qu’un tiers de nos patients avait recours à l’homéopathie », nous explique le chef du service de gastro-hépato-entérologie du CHU de Lyon. « C’est alors que nous avons sensibilisé nos médecins. Lesquels étaient tout aussi demandeurs ».
Vingt ans plus tard, l’homéopathie a intégré le quotidien de ce service. Une consultation spécifique y a même été créée. « Ma démarche est fondée sur trois raisons » enchaîne le Professeur Trépo : un, je considère qu’en médecine il ne doit pas y avoir d’exclusion. Deux, je m’interdis de rester sourd aux demandes des malades. Trois enfin, pourquoi se priver de quelque chose qui fonctionne ? » Même auprès de patients qui souffrent d’une hépatite B ou C, ou du SIDA.
Contre les montées de lait douloureuses
« Attention, loin de moi l’idée de dire que l’homéopathie va être directement active sur le VIH, le virus de l’hépatite B ou celui de l’hépatite C » prévient-il. « Simplement, les patients doivent vivre avec leur virus. Les traitements antirétroviraux qu’ils reçoivent n’excluent pas, s’ils en font la demande, une prise en charge homéopathique pour toute une série de symptômes ». A travers cette démarche, le soignant combat les effets secondaires des traitements allopathiques. Car moins d’effets secondaires, c’est une meilleure qualité de vie et une meilleure observance du traitement.
Cette démarche n’est pas isolée. Dans un tout autre domaine, la gynécologie obstétrique, l’homéopathie gagne ainsi les maternités à Nantes, Tours, Toulouse, Lyon, Paris ou Reims… De la préparation à l’accouchement aux suites de couches, les utilisations en sont multiples. Ainsi à Toulouse, dans l’un des services du CHU, les douleurs de la montée laiteuse sont traitées avec deux médicaments homéopathiques. Dans d’autres établissements, c’est le baby-blues qui est visé… « Dans tous les cas » conclut le Pr Trépo, « la consultation homéopathique nécessite un interrogatoire approfondi et une approche individualisée du patient. Elle demande donc du temps et de l’écoute ». Deux atouts de toutes façons inestimables pour le patient.