L’hydrogène sulfuré : ce gaz qui s’en prend au système nerveux central
20 août 2009
Un rapport de l’Institut national de l’Environnement industriel et des Risques (INERIS) confirme la toxicité des algues vertes présentes en masse sur de nombreuses plages du littoral breton. En cause, l’hydrogène sulfuré qui se dégage de ces algues lorsqu’elles sont en décomposition. Ce gaz toxique par inhalation et à l’odeur caractéristique « d’œuf pourri » est susceptible d’entraîner la mort en quelques minutes. Explications.
Au cours de leurs investigations, les auteurs du rapport ont relevé (dans de rares cas, faut-il le préciser) des concentrations d’hydrogène sulfuré de l’ordre de 1 000 ppmv (parties par million en volume). A ce niveau, « l’intoxication se traduit par une atteinte du système nerveux central avec perte de connaissance (« coup de plomb ») et des symptômes de détresse respiratoire et d’apnée », souligne l’INERIS dans un autre rapport publié en 2000. La mort survient alors « en 5 à 10 minutes par arrêt cardiaque ».
Ce n’est pas tout. « Si l’exposition n’est pas instantanément fatale (s’il y a par exemple réanimation pendant la phase d’apnée), la mise en place d’un œdème pulmonaire retardé est fréquemment observée. Une amnésie rétrograde avec diminution des facultés intellectuelles est également possible ».
A des concentrations inférieures à 1 000 ppmv, les principaux effets sont des irritations des muqueuses oculaires et respiratoires avec conjonctivite, rhinite et dyspnée. Des pertes de conscience peuvent aussi survenir. Il semble enfin que de faibles concentrations (50 à 100 ppm) ne soient pas non plus inoffensives sur le plan de la santé publique : d’après l’INERIS, « des expositions intermittentes et répétées à de faibles concentrations peuvent aussi se traduire par des manifestations subjectives et variables » : céphalée, asthénie, trouble de la mémoire, nausées, anorexie…
Fuir son odeur « d’œuf pourri »
Egalement appelées les “laitues des mers”, ces algues vertes prolifèrent sur certaines côtes bretonnes depuis de nombreuses années. C’est la mort d’un cheval sur une plage des Cotes d’Armor, au début du mois d’août qui a poussé le gouvernement à se pencher sur le sujet et à commander une étude à l’INERIS.
En visite ce matin à Saint-Michel-en-Grève (Cotes d’Armor), le Premier ministre François Fillon a annoncé qu’il fallait « nettoyer les plages en attendant de trouver des solutions à la prolifération des algues vertes. L’Etat va prendre à sa charge le nettoyage des plages les plus touchées, celles qui présentent un danger pour la santé publique. ». Quant aux « solutions » évoquées, elles devraient venir d’une nouvelle commission interministérielle qui, « dans les trois mois qui viennent, va bâtir un plan d’action pour lutter contre la prolifération des algues vertes et pour proposer des solutions efficaces de ramassage et de protection de la population ».
En attendant, le Ministère de l’Ecologie rappelle quelques mesures de bon sens, à savoir « ne pas se promener sur d’importants amas d’algues qui sentent l’œuf pourri. ». Sur décision des maires, certaines zones pourraient également être interdites à la population. Quant au personnel chargé du ramassage des algues, il pourrait être équipé « de systèmes de détection portables ». C’est en tout cas ce que recommande l’INERIS.
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Source : Ministère de l’Ecologie, 20 août 2009 INERIS, Rapport d’étude Résultats de mesures ponctuelles d’émissions d’hydrogène sulfuré et autres composés gazeux potentiellement toxiques, issues de la fermentation d’algues vertes (ulves) » - INERIS, Seuils de Toxicité aiguë – Hydrogène sulfuré, Janvier 2000 – Portail du gouvernement, 20 août 2009