L’obésité, c’est aussi dans la… tête !
02 octobre 2012
Certains neurones spécialisés seraient à l’origine de complications de l’obésité, comme le diabète de type 2 ou les maladies cardiovasculaires. Des chercheurs du laboratoire de Biologie fonctionnelle adaptive (CNRS/Université Paris Diderot), viennent de mettre en évidence une fonction importante – et jusque là inconnue- de certains neurones cérébraux. Selon eux en effet, cette population particulière de cellules nerveuses, «coordonnerait l’activité d’organes comme le foie ou le pancréas, afin d’optimiser l’utilisation de nutriments comme les lipides ou les sucres». Et si l’association d’une mauvaise hygiène alimentaire et de la sédentarité n’expliquait pas tout ?
L’obésité aujourd’hui, est considérée comme une épidémie mondiale. La plus grande part de la mortalité qui lui est associée résulte de complications métaboliques comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires, parfois regroupées dans le cadre d’un syndrome métabolique. Cependant pour les auteurs, les excès alimentaires «ne peuvent pas à eux seuls, expliquer le lien entre l’obésité et les maladies (qui lui sont) associées. Ce qui importe réside aussi dans la façon dont l’organisme est capable de gérer ces apports ».
Cette équipe parisienne, s’est attachée à étudier un groupe de neurones, regroupé en une population particulière dénommée population neuronale à AgRP. Celle-ci en fait, est déjà connue pour son rôle dans le contrôle de la prise alimentaire. Il semblerait pourtant, qu’elle gèrer également l’apport de certains nutriments au niveau du foie, du pancréas, et des muscles. Tel un chef d’orchestre, elle répartirait les tâches et choisirait entre « utilisation » et « stockage » des lipides et des sucres.
Les auteurs ont composé deux groupes de souris : certaines étaient déficientes en neurones AgRP alors que d’autres ne l’étaient pas. Dans un premier temps, alors que ces rongeurs ont été nourris de façon équilibrée. Les chercheurs ont néanmoins observé que les souris ‘déficientes’ devenaient obèses, ce qui n’a pas été le cas des autres.
Dans un second temps, ces mêmes souris, ont été « grassement » nourries. Et là encore, les souris ‘déficientes’ s’étaient bien « mieux adaptées au régime riche en graisse, prenant même moins de poids que les autres » nous explique Serge Luquet, l’un des auteurs de l’étude. « Elles ont affiché une meilleure gestion de leur glucose sanguin ».
Ainsi la perte des neurones AgRP modifierait-elle la manière dont un organisme s’adapte à un type de régime » continue ce dernier. « Il est donc possible d’imaginer que ce processus puisse être impliqué dans les dysfonctionnement métabolique liés à l’obésité ».