La cigarette électronique bientôt remboursée par la Sécu ?

30 mai 2023

Le ministre de la Santé François Braun a annoncé dimanche vouloir permettre aux pharmaciens de prescrire la cigarette électronique comme substitut nicotinique.

La cigarette électronique bientôt prescrite par des professionnels de santé pour ceux qui veulent arrêter de fumer ? C’est la piste envisagée par le ministre de la Santé François Braun. « Avoir des substituts nicotiniques pour quitter le tabac, il faut le maintenir, c’est une prescription. J’envisage d’ouvrir cette possibilité de prescription également aux pharmaciens qui sont confrontés à ces fumeurs qui veulent arrêter », a expliqué le ministre sur le plateau du Grand Jury, dimanche 28 mai. Et de justifier : « Les cigarettes électroniques permettent de réduire progressivement sa consommation de nicotine et d’arrêter ».

Faut-il ainsi s’attendre à un remboursement par la Sécurité sociale des cigarettes électroniques ? « Effectivement, dans le cadre du prochain plan tabac, le remboursement est sur la table », répond François Braun. Plan qui devrait intervenir sur la période 2023-2027.

Contre l’avis du HCSP ?

Actuellement, la cigarette électronique n’est pas considérée comme un produit de santé ni donc comme un accompagnement à l’arrêt du tabac que pourraient proposer les professionnels. Pour Bertrand Dautzenberg, pneumologue, tabacologue, « c‘est un bon signal envoyé par le ministre. La cigarette électronique est un bon produit, trop souvent dénigré, qui est pourtant véritablement un produit pour sortir du tabac. On sait que l’un des meilleurs moyens pour arrêter de fumer, c’est de voir un tabacologue, qui prescrira des substituts nicotiniques et conseillera en plus l’utilisation d’une cigarette électronique ». 

Selon ce spécialiste, rendre disponible la cigarette électronique en pharmacie peut permettre en outre à une population plus âgée d’y accéder. « Cela peut être plus rassurant d’avoir affaire à un pharmacien qui expliquera comment utiliser et manipuler la cigarette électronique, plutôt que de se rendre dans une boutique de vapotage ».  

Si l’idée du ministre aboutit, la décision irait contre l’avis du Haut conseil de la santé publique, rendu public en janvier 2022.  « Le HCSP souligne que les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer les SEDEN (système électronique de délivrance de la nicotine, ndlr) comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs par les professionnels de santé », note le HCSP. « Ainsi, les professionnels de santé qui accompagnent un fumeur dans une démarche de sevrage tabagique, se doivent d’utiliser des traitements médicamenteux ou non, ayant prouvé leur efficacité. »  

L’Australie pionnière

François Braun compte en outre faire interdire la Puff, la vapoteuse jetable, jugée responsable d’inciter les jeunes à fumer. En la matière, l’Australie a un temps d’avance sur la France. Canberra a annoncé au début du mois de mai l’interdiction des cigarettes électroniques à usage unique dans le cadre du budget 2023-2024. En parallèle, la cigarette électronique ne sera plus vendue en boutique mais disponible uniquement sur prescription, dans le cadre d’un accompagnement thérapeutique. Le taux de nicotine sera limité, de même que les arômes et les couleurs disponibles. Objectif : en finir avec la cigarette électronique récréative pour en faire un moyen de lutte contre le tabagisme.

  • Source : Le Grand Jury (émission du dimanche 26 mai), HCSP, The Canberra Times

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Vincent Roche

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