La consommation d’antibiotiques est repartie à la hausse en 2022
14 novembre 2023
Entre 2021 et 2022, la prescription des antibiotiques en médecine de ville et la consommation en France (hors hospitalisation) se sont envolées, et cela d'autant plus chez les enfants. La France demeure l'un des pays les plus gros consommateurs d'antibiotiques.
La consommation d’antibiotiques est repartie à la hausse ! Depuis 2012, on avait constaté une diminution progressive du nombre de prescriptions et de la consommation d’antibiotiques, jusqu’en 2020 où une forte baisse avait été observée. Celle-ci était concomitante aux mesures de gestion de la pandémie de COVID-19 (confinements, adoption de gestes barrières et baisse des consultations médicales) et à une moindre fréquence de certaines infections. Puis, dès 2021, la consommation d’antibiotiques a augmenté d’environ 5 %. La levée des mesures de gestion de la crise sanitaire s’est ensuite traduite par une forte hausse observée en 2022, selon les données publiées le 13 novembre par Santé publique France.
Une augmentation de 14 % entre 2021 et 2022
Pour la deuxième année consécutive, les prescriptions et la consommation d’antibiotiques ont augmenté en 2022, à un rythme plus soutenu qu’en 2021, respectivement +16,6 % et +14 %. Ainsi, plus de 800 ordonnances d’antibiotiques pour 1 000 habitants ont été délivrées au cours de l’année (hors hospitalisation). À noter que près de 9 antibiotiques sur 10 sont dispensés en ville.
Forte hausse chez les enfants et adolescents
Si ces niveaux restent légèrement inférieurs à ceux de 2019, en revanche, chez les enfants âgés de 0 à 4 ans, la hausse de la consommation d’antibiotiques dépasse celle de la période pré-Covid. C’est d’ailleurs dans cette tranche d’âge que les prescriptions d’antibiotiques sont les plus nombreuses. On observe également une « reprise significative des consommations en 2022 (+ 41,8 % par rapport à 2021) chez les enfants de 5 à 14 ans », atteignant les niveaux observés en 2019.
Cette augmentation s’expliquerait par la recrudescence des cas de bronchiolites chez les jeunes enfants au cours de l’automne-hiver 2022-2023, ainsi que par certaines infections invasives à Streptocoque du groupe A, touchant principalement les enfants de moins de 10 ans.
« Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser »
Après le slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique », Santé publique France va rediffuser dès le 1er décembre la campagne « Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser ». Pour rappel, ces médicaments ne sont efficaces qu’en cas d’infections bactériennes et n’ont donc aucun effet en cas d’infections provoquées par un virus telles qu’un rhume ou une grippe. Ce changement d’attitude envers les antibiotiques est crucial pour lutter contre l’antibiorésistance, qui est déjà un problème quotidien dans les hôpitaux. Les impasses thérapeutiques, c’est-à-dire lorsque les soignants n’ont plus aucune solution pour lutter contre une infection bactérienne chez un patient, sont de plus en plus courantes.
Santé publique France alerte, signalant une hausse de +22 % des prescriptions d’amoxicilline (un antibiotique puissant et très utile), de 17,8 % de celles de l’association amoxicilline/acide clavulanique et de 21,4 % des céphalosporines. Or, tous ces antibiotiques indispensables sont de gros générateurs de résistance aux antibiotiques.
La stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance prévoit de réduire la consommation d’antibiotiques de 25 % d’ici à 2025. Il reste un an pour redresser la barre.
Pour en savoir plus sur les infections et les antibiotiques : www.antibiomalin.fr
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Source : Consommation d’antibiotiques en secteur de ville en France, 2012-2022 (santepubliquefrance.fr)
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Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par : Emmanuel Ducreuzet