La dysfonction érectile: tabou social ou bouteille à l’encre?

Comment expliquer que 11% des Français déclarent souffrir de dysfonction érectile, quand ils sont en moyenne 16% sur 8 pays et 22% aux USA ? Autre surprise : sur 45 hommes qui cherchent le secours d’un médecin, seulement 6 vont au bout de la démarche.

Les mâles espagnols préservent encore mieux le secret de leurs misères. Ils ne seraient que 10% à souffrir de ces problèmes. En France cependant, le tabou recouvrant les troubles de la sexualité a la vie dure. Qu’il s’agisse de troubles du plaisir chez la femme ou de dysfonction érectile chez l’homme – respectivement la frigidité et l’impuissance en langue populaire – nous parlons peu volontiers de ces difficultés au médecin.

Menée dans 8 pays dont les Etats-Unis et la France, l’étude MALES a pris en compte près de 28 000 hommes de 20 à 75 ans. Pratiquement sur l’ensemble de la période d’activité sexuelle, donc. Le Dr François Giuliano est urologue au CHU Kremlin-Bicêtre de Paris. ” 64% des hommes atteints de dysfonction érectile présentent un ou plusieurs facteurs de risque associés ” indique-t-il : hypertension artérielle, diabète, cholestérol, antécédents dépressifs… Ce qui explique pourquoi il a aussi remarqué, dans le cadre d’un travail sur 1 004 patients, que sa fréquence varie dans le temps. Sa prévalence passe ainsi de 11,7% entre 40 et 49 ans, à respectivement 23,2%, 37,9% et… 66,8% tous les 10 ans d’âge.

Ne pas s’arrêter au premier comprimé…
Ces problèmes sont donc loin d’être exceptionnels. Mais nous n’en parlons pas. Et même dans ce cas le traitement ne va pas de soi. Sur 45 hommes qui évoquent une dysfonction érectile avec leur médecin, 29 seulement envisagent un traitement par voie orale. Il y en a 17 qui essaient, 9 prennent plus d’un comprimé et… 6 seulement poursuivent le traitement. Or souligne François Giuliano, ” parler de son problème au médecin et n’essayer qu’un seul comprimé, c’est presque à coup sûr aller à l’échec. Car entre le 1er et le 8ème comprimés, on gagne environ 35% d’efficacité. “

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  Source : Men's Attitudes on Life Events and Sexuality (MALES), Eur Urol 2003 : suppl.2 (1) 97 (abstract 377), Giuliano et al. Prog Urol. 2002