La dysmorphophobie : quand un détail peut gâcher la vie

02 août 2023

Lorsqu’un petit défaut – voire un défaut imaginaire – devient le centre de votre attention et envahit toute votre vie, vous souffrez peut-être de dysmorphophobie. Explications.

triocean/shutterstock.com

Un nez un peu large, un grain de beauté mal placé, des jambes trop grosses… Nous avons tous des complexes physiques. Mais lorsque ceux-ci se transforment en « pensée obsédante sur un défaut imaginaire ou une légère imperfection de l’apparence physique », comme le décrit l’International obsessive compulsif disorder Foundation (IOCDF), il peut s’agir de dysmorphophobie. Ce trouble se confirme si ce comportement empêche de vivre une vie pleinement épanouie. Aussi appelé trouble dysmorphique corporel, la dysmorphophobie appartient à la catégorie des troubles obsessionnels compulsifs.

Décrit pour la première fois en 1891 par le psychiatre italien Enrico Morselli, son nom vient de « dysmorphia », signifiant laideur en grec. Si ce trouble apparaît plus fréquemment au cours de l’adolescence, il peut toucher n’importe qui, femme et homme confondus. Et généralement, il s’aggrave en vieillissant.

Comment se manifeste ce trouble ?

Les patients passent beaucoup de temps à regarder leur défaut dans le miroir, et aussi à tenter de le dissimuler aux yeux d’autrui, ou de le corriger. Ils peuvent pour cela adopter divers stratagèmes, parmi lesquels le maquillage, la chirurgie esthétique, l’arrachage compulsif de la peau. Mais aussi en évitant de se trouver en compagnie d’autres personnes. Cet évitement social conduit à un isolement souvent difficile à vivre. Les patients risquent de développer de l’anxiété, une phobie sociale et même une dépression. « Les recherches indiquent que jusqu’à 80% des personnes atteintes de dysmorphophobie pensent ou tentent de se suicider », note l’IOCDF.

Peut-on la traiter ?

La psychothérapie cognitive-comportementale (TCC) est indiquée en association avec la prescription de médicaments antidépresseurs si besoin, tels que l’inhibiteur de la recapture de la sérotonine ou la clomipramine, souvent à des doses relativement élevées. Les approches cognitives et d’exposition ainsi que la prévention des rituels sont des éléments essentiels du traitement par TCC. Les médecins encouragent les patients à s’exposer progressivement aux situations qu’ils craignent ou à éviter tout en s’abstenant d’accomplir leurs rituels, devenus obsessionnels.

  • Source : International OCD Foundation - Discovery Mood & Anxiety Program

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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