La France a mal à sa prévention !
10 mars 2014
La sédentarité, un fléau des temps modernes. ©Phovoir
La prévention est l’un des axes forts de la stratégie nationale de Santé (SNS) dont la feuille de route a été présentée en septembre 2013 par la ministre Marisol Touraine. Cette approche est annonciatrice de bouleversements majeurs, alors que notre système de santé a été fondé sur le curatif. Le point avec l’économiste de la Santé Florence Jusot (Université de Rouen).
Pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « la prévention est l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps ». Elle en distingue 3 types : primaire, secondaire et tertiaire. Lesquels vont des moyens à mettre en œuvre pour empêcher l’apparition des pathologies jusqu’à leur prise en charge thérapeutique et éventuellement, la réinsertion sociale des malades.
En France, « les dépenses de prévention représentent 2% de l’ensemble des dépenses de santé », glisse Florence Jusot. « Dans les autres pays de l’OCDE, nous sommes en moyenne à 3%. Mais lorsque nous incluons la prévention secondaire, la proportion monte à 6,5% des dépenses. Ce qui signifie que dans notre pays, nous faisons davantage de prévention secondaire pour diminuer le risque d’aggravation de maladies existantes, que de prévention primaire pour éviter leur apparition ». Cherchez l’erreur…
Des questions autour de la mortalité prématurée
En France, les politiques de santé ne sont donc pas suffisamment tournées vers la démarche préventive. Florence Jusot propose deux illustrations de cet état de faits. La première, c’est l’importance de la mortalité prématurée, c’est-à-dire avant 65 ans. « En dépit de résultats plutôt bons en termes de longévité », poursuit-elle, « nous avons une mortalité prématurée très élevée par rapport aux autres pays, alors que nous sommes les premiers au monde pour la longévité après 65 ans. C’est bien le signe qu’il existe chez nous, un problème de prévention ».
Le second signe sur lequel elle attire l’attention, se trouve dans les « fortes inégalités sociales de santé. Elles sont en partie attribuables à des comportements à risque (comme le tabagisme ou l’alcoolisme…) et à des maladies (obésité…) plus fréquentes dans les groupes sociaux défavorisés que dans les autres ».
Rendez-vous demain à l’occasion d’un focus sur la prévention des maladies cardiovasculaires. Avec une question : est-elle possible ?
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Source : Interview de Florence Jusot, 30 janvier 2014 - OMS, Aide-mémoire sur les maladies cardiovasculaires, mars 2013 – Conférence « Une vraie politique de prévention des maladies métaboliques et cardiovasculaires est-elle possible ? », organisée par l’Institut Pasteur et la Fondation d’entreprise Pileje, Paris, jeudi 28 novembre 2013 – OMS
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Ecrit par : David Picot - Edité par : Emmanuel Ducreuzet