La guerre des baby-foods relancée sur le front de la croisade anti-obésité !
16 mars 2004
Alors que se prépare l’Assemblée mondiale où l’OMS présentera sa stratégie contre l’épidémie d’obésité, le Suisse Nestlé vient, par l’intermédiaire d’une de ses filiales en France, de s’opposer à ce que l’industrie agro-alimentaire française la soutienne.
Selon le président de la société en question, il serait ” politiquement incorrect ” que l’Association nationale des Industries agro-alimentaires (ANIA) collabore avec l’agence de l’ONU en charge de la Santé. Pas moins ! Une prise de position qui fait tâche, et qui embarrasse bien ses confrères. Car l’intéressé fait figure de candidat à la présidence de l’ANIA, à pourvoir après-demain. Il siège également en bonne place à la commission… Qualité Consommation de l’association. Une commission en prise directe avec les préoccupations de santé publique. Théoriquement.
Membre d’un conglomérat qui regroupe 9 syndicats de la biscuiterie et de la confiserie, le sous-marin de Nestlé vient d’enfoncer un coin entre cette industrie et l’OMS. Est-ce étonnant ? Pas vraiment. Déjà au cours de la session de janvier du Comité exécutif de l’OMS, à Genève, il y avait eu du rififi.
On s’en souvient, le gouvernement américain était alors parti en guerre contre ce projet de stratégie. Son sentiment était que la lutte contre l’obésité relève non des Etats, mais de la responsabilité individuelle. Beaucoup de gouvernements, parmi les pays émergents comme les plus riches – Grande-Bretagne et France notamment – avaient ouvertement soutenu l’approche de l’OMS. Le représentant français avait ainsi dénoncé les ” firmes (qui) engagent des dépenses de marketing supérieures au budget de la santé de certains Etats Membres “.
Se démarquant des barons américains de l’industrie du Food, les Européens étaient montés au créneau. Avec 3 millions de salariés employés par 26 000 sociétés, la Confédération (européenne) des industries agroalimentaires (CIAA) représente 600 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Elle avait alors déclaré ” reconnaître le rôle important de l’industrie alimentaire et des boissons dans le combat mondial contre l’obésité “. Un soutien remarqué à l’OMS.
Longtemps, Nestlé a été un objet d’opprobre international pour ses pratiques dans les pays émergents. Particulièrement autour de la question des laits infantiles. Les dernières manoeuvres entreprises en France sont-elles liées à ce passé ? Elles pourraient annoncer des tentatives similaires au-delà des frontières, et une vraie foire d’empoigne à Genève dans la seconde quinzaine de mai, pour l’Assemblée mondiale. A suivre…