La légionellose détectée plus rapidement
22 janvier 2014
©Angewandte Chemie
Une nouvelle méthode de détection de la légionellose a été mise au point par une équipe du CNRS. Simple et rapide, ce dispositif permet de détecter, en moins de 24 heures contre 10 jours actuellement, la bactérie responsable de cette affection à déclaration obligatoire en France. Cet outil pourrait s’avérer utile en cas d’épidémie.
Pour repérer et dénombrer Legionella pneumophila, la bactérie responsable de la légionellose, les scientifiques ont « attaché une sorte de hameçon à un sucre qu’elle seule synthétise », nous explique Sam Dukan, chercheur CNRS au laboratoire de chimie bactérienne (Marseille), co-créateur de cette technique. De plus, une molécule fluorescente est ajoutée au dispositif. Ainsi leurrée, la bactérie vivante intègre ce sucre dans sa membrane. Il ne reste alors plus aux chercheurs qu’à reconnaître et à compter les bactéries recherchées dans l’échantillon d’eau étudié, les seules à avoir assimilé la substance. « Notre système permet de révéler la présence de bactéries vivantes, celles qui présentent encore un risque pour la santé, en moins de 24 heures dans un échantillon d’eau », poursuit-il.
Rapide et efficace
Cette méthode, mise au point par des chercheurs du Laboratoire de chimie bactérienne (CNRS/Aix-Marseille Université), de l’Institut de chimie des substances naturelles du CNRS et de l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux d’Orsay (CNRS/Université Paris-Sud), pourrait permettre de gagner un temps précieux en cas de diagnostic de la maladie. En France, la légionellose fait partie des 30 maladies à déclaration obligatoire. Autrement dit, elle doit faire l’objet d’un signalement aux autorités sanitaires compétentes. Or la méthode de détection réglementaire nécessite aujourd’hui le passage par culture en milieu gélosé, qui dure 10 jours, suivi par une confirmation immunologique. Cette nouvelle technique pourrait accélérer la lutte contre la bactérie, notamment en cas d’épidémie.
La légionellose est une forme de pneumopathie grave, dont le taux de létalité est de l’ordre de 10%. En France, 1 200 cas sont recensés chaque année. La bactérie responsable de cette maladie se développe volontiers dans les eaux chaudes, utilisées dans les tours aéroréfrigérantes et les établissements publics tels que les piscines.
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Source : CNRS, 20 janvier 2014 – interview de Sam Dukan, chercheur CNRS au Laboratoire de chimie bactérienne (CNRS/AMU) qui fait partie de l’Institut de microbiologie de la Méditerranée, 20 janvier 2014
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet