











Accueil » Médecine » Maladies infectieuses » La méningite à méningocoques en 5 questions
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Encore aujourd’hui, les infections graves à méningocoques touchent environ 600 personnes par an en France. Des infections sévères puisqu’elles sont souvent létales ou laissent de graves séquelles. A l’occasion de la Journée mondiale de la méningite ce 24 avril, retour avec le Pr Christèle Gras-Le Guen du CHU de Nantes sur ces drames pourtant évitables grâce à la vaccination.
Qu’est-ce qu’une méningite à méningocoques ?
Pr Christèle Gras-Le Guen : La méningite à méningocoques est une grave infection des fines membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière due à une bactérie, Neisseria meningitidis. Deux tiers des cas concernent des infections à méningocoque B et le reste à méningocoque C. Toutefois, cette dernière est associée à un taux de létalité (jusqu’à 30%) et de séquelles sévères plus important. C’est pourquoi depuis une dizaine d’années, le vaccin contre cette forme est recommandé dans le calendrier vaccinal. Depuis l’année dernière, il est devenu obligatoire pour tous les enfants à partir de 5 mois. La vaccination pour le méningocoque B ne bénéficie à ce jour d’aucune recommandation ou prise en charge de l’Assurance-maladie.
Qui peut en être victime ?
Pr Christèle Gras-Le Guen : Il y a deux pics de survenue pour la méningite à méningocoque: la 1ère année de vie puis l’adolescence. C’est pourquoi on préconise que les médecins traitants soient vigilants lors des consultations. Si leur carnet de santé indique qu’ils ne sont pas immunisés contre le méningocoque C (le seul recommandé à ce jour), ils peuvent recevoir une injection jusqu’à l’âge de 24 ans.
La couverture vaccinale est-elle suffisante pour le méningocoque C ?
Pr Christèle Gras-Le Guen : Non car malheureusement les recommandations ne sont pas respectées. La vaccination d’une partie seulement des enfants d’1 an n’a donc pas permis de protéger les plus petits grâce à l’effet troupeau. En effet, si tous ceux de plus de 12 mois étaient vaccinés, la bactérie ne circulerait plus et les plus jeunes seraient alors protégés par ricochet.
Quelles sont les conséquences de ces infections ?
Pr Christèle Gras-Le Guen : Nous avons publié récemment un travail mené dans tous les services de réanimation pédiatrique du Grand Ouest (Brest, Rennes, Tours, Angers, Nantes, Poitiers). Nous y avons identifié toutes les formes graves d’infections à méningocoque C et nous avons noté l’état de vaccination des enfants. Résultat, s’ils avaient été vaccinés conformément aux recommandations, au moins 20% des enfants décédés ou victimes de séquelles (amputation de membre, cerveau détruit…) auraient pu être épargnés. Le méningocoque B provoque également des infections potentiellement mortelles.
Faudrait-il donc recommander la vaccination contre le méningocoque B ?
Pr Christèle Gras-Le Guen : Notre étude se poursuit afin de déterminer dans quelle mesure ce vaccin pourrait rendre service. Nous n’avons aucune inquiétude quant à la tolérance et la sécurité d’utilisation, mais compte tenu de son prix, le rapport bénéfice-risque à l’échelle de la population doit encore être évalué. Pour le moment, il est préconisé en période d’épidémie ou chez enfants souffrant d’un déficit immunitaire.
A noter : le Bexsero, vaccin contre le méningocoque B est disponible à plus de 80 euros la dose (il en faut 2) sans prise en charge de l’Assurance-maladie.
Source : Interview du Pr Christèle Gras-Le Guen, chef de service de pédiatrie au CHU de Nantes et responsable du centre d’investigation clinique du CHU de Nantes, 24 avril 2019 - Vaccination Info service, consulté le 24 avril 2019
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche
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