La mortalité infantile en augmentation

01 mars 2022

En France, la mortalité infantile augmente depuis 2012. L’Inserm confirme ainsi le triste chiffre des 1 200 décès supplémentaires déclarés en France auprès des petits âgés de moins d’un an (comparés aux voisins européens).

La mortalité infantile constitue un marqueur important de la santé d’une population donnée, et notamment de la qualité des politiques de prévention, de la prise en charge et de l’organisation des systèmes de soins. Et en France, selon les données publiées ce jour par l’Inserm, le bilan n’est pas rassurant. Pour nous éclairer sur ce sujet, des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Paris, de l’AP-HP et du CHU de Nantes* ont passé au crible les données issues de l’INSEE**, sur une période allant de 2001 à 2019.

 47,8% des décès infantiles à 1 semaine de vie

 Résultat, sur ces 18 années, « 53 077 décès de nourrissons ont été enregistrés parmi les 14 622 096 naissances vivantes, soit un taux de mortalité infantile moyen de 3,63/1 000 (4,00 chez les garçons, 3,25 chez les filles) », explique le Pr Martin Chalumeau, dernier auteur de l’étude. Autre point, « près d’un quart des décès (24,4%) sont survenus au cours du premier jour de vie et la moitié (47,8%) au cours de la période néonatale précoce, soit au cours de la première semaine suivant la naissance ».

Ces chiffres vont à l’inverse de ceux obtenus dans des pays comme la Suède et la Finlande, où « la réduction du taux de mortalité infantile est continue depuis la Seconde Guerre mondiale ». En France, ce taux de mortalité infantile n’a pas augmenté en continu. Ce dernier a en effet « fortement diminué de 2001 à 2005, puis de façon plus lente de 2005 à 2012 ». La hausse du taux s’est ensuite maintenue depuis 2012. En moyenne, « on observe chaque année un excès d’environ 1 200 décès d’enfants âgés de moins d’un an. »

Comprendre les causes

Mais comment atteindre l’objectif des Nations unies qui est d’éliminer « les décès évitables d’enfants d’ici à 2030 » ? Dans un premier temps en définissant l’origine de ces décès. Ce que ne révèle pas à ce jour la publication des chercheurs de l’Inserm. « Il est primordial de pouvoir explorer en détail les causes de cette augmentation en disposant par exemple d’informations systématiques sur les circonstances médicales et sociales précises de ces décès et en faisant de cette population, qui est la plus vulnérable, une réelle priorité de recherche et de santé publique, ce qui n’est pas le cas actuellement. »

Des pistes d’explication ont déjà avancées dans de précédentes publications : l’allongement de l’âge maternel, les grossesses multiples, de plus en plus fréquentes avec le recours à la procréation médicalement assistée (PMA). Autre hypothèse : le recueil des données des complications néonatales entraînant une prise en compte de décès infantiles qui n’étaient jusqu’ici pas comptabilisés. La qualité des soins et l’accès aux soins, en lien avec la tension dans les établissements de santé (manque de moyens, de personnels soignants) et la fermeture de certaines maternités, sont aussi pointés du doigt. Sans compter la dégradation de la qualité des suivis liée à la crise sanitaire.

*en collaboration avec des équipes de l’Université de Californie

**Institut national de la statistique et des études économiques

  • Source : Inserm, le 1er mars 2022 - The Lancet Regional Health – Europe – Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), Inspection générale des affaires sociales (IGAS) – Conseil national de l’ordre des sages-femmes - Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Dress)

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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