FIV : le transfert d’embryons congelés augmenterait le risque d’hypertension ?

08 juillet 2021

Le transfert d’embryons congelés induirait un sur-risque d’hypertension et de pré-éclampsie pendant la grossesse. En cause, les traitements hormonaux prescrits à la femme. Le point sur cette corrélation prouvée auprès de 70 000 femmes françaises.

Dans le cadre d’une fécondation in vitro (FIV), les femmes seules en situation d’infertilité peuvent bénéficier d’un transfert d’embryon. Une étape effectuée après une ponction ovocytaire* et la mise en fécondation avec un gamète mâle**. Le premier transfert dans l’utérus s’effectue en général à partir d’un embryon « frais ». Les autres embryons eux sont congelés et transférés en cas de dons d’embryons, d’échec de la nidation, de fausses-couches, d’interruption de la grossesse, ou plus heureusement du souhait d’avoir un second enfant.

Avec ou sans traitement hormonal

Point négatif, en cas de nidation et donc de grossesse, le transfert d’un embryon congelé provoquerait un sur-risque d’hypertension artérielle et de pré-éclampsie. Mais à quel point ? Pour répondre à cette question, des scientifiques français de l’hôpital Bichat Claude-Bernard (AP-HP) ont suivi 70 000 femmes ayant donné la vie à un enfant grâce à un transfert d’embryon.

Toutes les femmes ont accouché entre 2013 et 2018, à un minimum de 22 semaines d’aménorrhée. Trois groupes ont été formés : transfert d’embryon congelé sans traitement hormonal*** (9 500 femmes), transfert d’embryon congelé avec traitement hormonal préparant l’utérus à l’implantation de l’œuf (10 373 femmes) et transfert d’embryon frais sans traitement hormonal (48 152 femmes).

Au total, 5,3% des femmes ayant bénéficié d’un traitement hormonal ont développé une pré-éclampsie pendant leur grossesse. Contre 2,3% et 2,4% dans les groupes sans traitement ou transfert d’embryons frais. Il existe donc bien « un risque potentiel de pathologies vasculaires lié à une forte exposition prolongée aux traitements hormonaux », décrit le Dr Sylvie Epelboin, principale auteure de l’étude. Concernant l’hypertension artérielle, les données s’établissaient à 4,7% dans le groupe traitement hormonal contre 3,4% et 3,3% dans les groupes sans traitement ou transfert d’embryons frais.

Quid du corps jaune ?

Autre point mis en avant dans l’étude : le rôle du corps jaune, un ensemble de cellules issues de la transformation du follicule lorsqu’il y a fécondation. En bloquant l’ovulation, les traitements hormonaux empêchent la formation de ce corps jaune. En temps normal, ce corps jaune sécrète des pics de progestérone, hormone essentielle dans l’irrigation sanguine de l’endomètre et donc au maintien de la grossesse. Et il joue aussi un rôle dans la protection vasculaire.

Ces données importent « alors que les transferts d’embryons congelés sont en constante augmentation depuis une dizaine d’années en France », du fait de taux de réussite supérieurs aux transferts d’embryons frais. Pour autant, la préservation des cycles ovulatoires, sans traitement donc, « ne semble pas diminuer les chances de grossesse », décrit le Dr Epelboin. « Cette méthode pourrait donc être privilégiée pour protéger la santé vasculaire » des futures mamans.

*par don d’ovocytes en cas d’infertilité féminine
**acte notamment réalisé sous ICSI (introduction du spermatozoïde au cœur de l’ovocyte)
***transféré lors d’un cycle ovulatoire naturel

  • Source : Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie, le 30 juin 2021

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils