La néophobie alimentaire : la peur de l’inconnu dans l’assiette…

16 janvier 2024

Un plat de lentilles repoussé des deux mains… Puis un rejet tout aussi marqué d’une assiette de carottes… Pour certains enfants, la découverte de nouveaux aliments s’avère tout bonnement impossible. Et ce n’est pas un caprice…

La néophobie alimentaire correspond à la réticence à goûter des aliments inconnus… Elle se manifeste généralement à partir de deux ans, autrement dit après une période de diversification alimentaire où le petit s’est montré plutôt disposé à découvrir de nouveaux goûts et de nouvelles saveurs. Puis, il peut survenir « une forme de rupture », comme le décrit Aurore Pointet dans son mémoire de Master de sciences sociales (Parcours Sciences Sociales Appliquées à l’Alimentation – Université Jean Jaurès de Toulouse).

« L’enfant va passer de l’acceptation à la méfiance envers les aliments, voire un refus d’y goûter quand ils lui sont inconnus », enchaîne-t-elle. La néophobie alimentaire s’installe et elle peut perdurer jusqu’à l’âge de dix ans. Le phénomène apparait répandu puisque 77% des petits de deux à dix ans passeraient par une telle phase. Avec deux familles d’aliments particulièrement rejetées : les fruits et les légumes.

Comment l’aider à surmonter sa phobie alimentaire ?

Dans un premier temps, présentez les légumes et les fruits un par un avant de les associer à d’autres aliments. Ainsi, l’enfant pourra bien différencier le goût de la carotte, de la courgette… Autres conseils :

  • Proposez patiemment au moins 8 fois le même aliment ;
  • Présentez de petites quantités : d’abord juste une cuillerée, sans insister et toujours sous la même forme de façon à ce que l’aliment soit plus facilement identifié ;
  • Dégustez devant l’enfant les aliments refusés : par mimétisme, il sera incité à les goûter à nouveau ;
  • Amenez l’enfant à s’exprimer sur les raisons de son rejet : la saveur, la texture, la température… Vous pourrez ainsi mieux adapter la préparation ;
  • Et surtout, restez zen ! Ce n’est normalement qu’un passage.

Attention aux risques de carences 

La néophobie alimentaire apparaît donc caractérisée soit par un refus d’incorporer des aliments inconnus au registre alimentaire, soit par le développement d’une sélectivité importante de ceux-ci. Avec d’ailleurs, des denrées qui étaient acceptées lors de la diversification alimentaire qui se trouvent ainsi rejetées, au risque de restreindre grandement ce que les spécialistes appellent le ‘répertoire alimentaire de l’enfant’. Et au final, des risques de voir apparaître des carences. Le cas échéant, n’hésitez pas à interroger le pédiatre, le médecin traitant et/ou un psychologue spécialiste de la petite enfance pour des conseils et une prise en charge adaptée.

  • Source : La néophobie alimentaire de l’enfant : marqueur de différenciation sociale et culturelle. Aurore Pointet. Mémoire de master en Sciences sociales (Parcours Sciences Sociales Appliquées à l’Alimentation - Université Jean Jaurès de Toulouse). Année universitaire : 2020 – 2021 - Rigal, Natalie, Virginie Soulet, et Julie Brément. « Émergence de la Conscience de soi et de la Néophobie alimentaire chez le jeune enfant », Enfance, vol. 2, no. 2, 2016, pp. 217-229.

  • Ecrit par : David Picot - Edité par Emmanuel Ducreuzet

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