La pensée magique de l’enfant : entre merveilleux et culpabilité

17 décembre 2020

Avant l’âge de 7 ans, les enfants ont une imagination débordante. Ce qui est source d’émerveillement peut aussi inclure une part d’angoisse. Notamment en raison de la pensée magique. De quoi s’agit-il ?

« La pensée magique chez l’enfant correspond au fait d’imaginer que ses pensées ont une action sur le monde », décrit Vincent Joly, psychologue à Paris. Ce qui peut avoir un effet positif puisque le tout petit croit qu’en pensant très fort qu’il va avoir tel ou tel cadeau, il recevra ledit objet tant attendu. Ou encore que son doudou pense à lui quand il n’est pas là. « C’est le versant rassurant de la pensée magique », fortement liée au monde imaginaire de l’enfant, qui a encore du mal à distinguer le monde rêvé de la réalité. Mais la pensée magique peut receler un autre versant, plus inquiétant.

« Comme il croit que ses pensées ont du pouvoir sur les objets et les personnes, il peut aussi croire qu’il est la cause de situations négatives », explique le psychologue. Par exemple, un enfant peut imaginer que le fait d’avoir pensé du mal de son parent, dans un moment de colère, est la cause du chagrin de celui-ci. « Si papa a l’air triste, c’est de ma faute. » C’est pourquoi il est conseillé de rassurer les enfants lorsque le parent se sent triste, en colère ou fatigué en raison de son travail, d’un stress ou d’une dispute conjugale. « En effet, les enfants pensent souvent que tout tourne autour d’eux », précise Vincent Joly.

Quand s’inquiéter ?

« La pensée magique est tout à fait naturelle chez les petits enfants », rassure le psychologue. « L’important est que les effets de cette pensée ne les angoissent pas trop. » Si l’enfant semble stressé, triste, replié sur lui-même, il est important de lui parler et de l’écouter. Aussi, « la pensée magique peut avoir pour effet des comportements proches des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) », ajoute-t-il. L’enfant croit que s’il met en place des rituels stricts, il réussira à contenir les effets de ses pensées négatives. Il peut par exemple imaginer s’il répète les noms de tous ses êtres chers avant de dormir ou avant d’aller à l’école, rien de mal ne pourra leur arriver.

« C’est surtout lorsque ces rituels prennent trop de place dans sa vie, trop de temps, et qu’ils sont chargés d’une grande angoisse, qu’il est essentiel de s’en préoccuper », poursuit-il. Il faut essayer de le déculpabiliser. Et ne pas hésiter à consulter un professionnel de la santé mentale, psychologue ou pédopsychiatre.

  • Source : interview de Vincent Joly, psychologue à Paris, décembre 2020

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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