La pipe qui tue… sans fumer !

18 octobre 2010

Histoire vraie ou serpent de mer ? A en croire une nouvelle étude publiée sous l’égide des très sérieux Centers for Disease Control and Prevention d’Atlanta (Etats-Unis), la « nette augmentation » des cancers de la cavité buccale depuis une trentaine d’années serait imputable à un changement dans les comportements sexuels.

La fellation qui est devenue pratique courante dans bien des pays tels les Etats-Unis d’Amérique – où elle constituait il y a peu un délit, est ainsi mise au pilori. A l’origine de cette découverte, un travail suédois dirigé par les Drs Torbjörn Ramqvist et Tina Dalianis, du Karolinska Institutet (Stockholm) et de l’Institut suédois de lutte contre les Infections de Solna, en Suède.

La relation de cause à effet tiendrait en trois lettres : HPV pour Human Papilloma Virus. Ces virus dont certains sont à l’origine des cancers du col de l’utérus, seraient également responsables d’une véritable « flambée » de cancers oropharyngés. Le titre même de l’article publié par Ramqvist et Dalianis – « L’épidémie de cancers oropharyngés et les virus HPV » – donne le ton de l’approche. Intéressés par les aspects macro-économiques de la question, les auteurs soulignent d’ailleurs que les vaccins anti-HPV – il s’agit de Cervarix® et Gardasil® – pourraient voir leur rapport coût-efficacité amélioré par ce constat…

Le très rigolard e-carabin, forum de l’association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a beau jeu d’en faire des… gorges chaudes : l’affaire n’est pas nouvelle. Il y a plus de 2 ans déjà, des travaux publiés dans des revues de référence et par deux équipes différentes pointaient la même coïncidence. Les patients « dont la contamination par l’une ou l’autre souche de HPV était connue avaient un risque de cancer oropharyngé 32 fois supérieur à celui de la population générale ». C’est beaucoup plus que la multiplication par 3 associée au tabagisme. Et que la multiplication par 2,5 qui serait liée à l’intoxication alcoolique…

Seule différence, le cunnilingus était épinglé au même titre que la fellation. Sans doute les premiers auteurs avaient-ils mené des recherches plus approfondies.

Pour en savoir plus : lire la publication originale de Ramqvist et Dalianis.

  • Source : Emerging Infectious Diseases – www.cdc.gov/eid vol 16 N°11, November 2010

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