La puberté précoce augmente-t-elle chez les filles ?

04 août 2022

Sur les réseaux sociaux, les témoignages autour des questions de santé sont légion. Parmi les sujets très fréquemment discutés, on peut notamment citer la puberté précoce, qui ne cesserait d’augmenter chez les filles. Info ou intox ?

Démêler le vrai du faux autour des questions de santé, c’est la mission que se sont données Laurianne Geffroy et Léa Surugue, autrices de Fake News Santé, un livre coréalisé avec l’Inserm. La question de l’incidence de la puberté précoce fait partie des nombreux sujets qu’elles abordent, études scientifiques à l’appui.

Mais d’abord, quand commence la puberté chez les filles ? Entre 8 et 14 ans (à 11 ans en moyenne), s’accordent les spécialistes. Elle se caractérise par l’apparition de la pilosité pubienne, l’augmentation de la taille de la poitrine, puis l’arrivée des règles. Chez certaines petites filles cependant, ces signes apparaissent bien plus tôt. C’est lorsqu’ils surviennent avant l’âge de 8 ans que l’on parle de puberté précoce.

Ce phénomène est-il en augmentation ? Selon les autrices, « l’âge moyen des premières règles en France est passé de 15 ans en 1850 à 12,6 ans aujourd’hui ». Ce qui tendrait à confirmer que la puberté intervient effectivement plus tôt dans la vie des filles. Mais les données épidémiologiques sont rares : en France, la première étude d’ampleur date de 2017. Santé publique France avait notamment évalué à 1 173 le nombre de nouveaux cas par an, et constaté de fortes disparités géographiques « avec des sur-incidences marquées en Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes ».

Quelles en sont les causes ? Chez les filles, plus de 9 cas sur 10 sont sans cause identifiée : on parle alors de puberté précoce centrale idiopathique (PPCI), qui peut être traitée par des agonistes de la GnRH, des médicaments qui bloquent le développement pubertaire. Cependant, plusieurs causes pourraient expliquer l’avancement de l’âge de puberté : « on sait depuis longtemps qu’il faut atteindre un poids minimum pour pouvoir être fertile, et qu’à l’inverse un poids insuffisant retarde la puberté. Or l’obésité chez l’enfant est en augmentation constante dans la plupart des pays occidentaux », expliquent Laurianne Geffroy et Léa Surugue. A ce stade cependant, impossible de dire si c’est le surpoids qui induit la maturation sexuelle précoce, ou l’inverse.

Et les perturbateurs endocriniens ? L’étude de Santé publique France avait notamment pour objet de déterminer l’éventuel impact des perturbateurs endocriniens comme les pesticides, le bisphénol A ou les phtalates, suspectés de bouleverser le système hormonal et déclencher la puberté en interagissant avec certaines hormones. Les disparités régionales mises en évidence par l’étude (jusqu’à 12 fois plus de cas en Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes que dans les Hauts-de-France) suggèrent « qu’il existe des facteurs de risque environnementaux qui justifient des investigations plus poussées ».

Et ailleurs ? Une petite étude observationnelle menée dans un service d’endocrinologie en Italie a récemment montré que l’incidence de la puberté précoce avait doublé durant le premier confinement, par rapport à l’année précédente. Pour les auteurs de l’étude, le surpoids généré par le manque d’activité physique est une cause possible. Plus généralement, « les estimations d’incidence de la puberté précoce en France sont comparables à celle que l’on peut observer dans d’autres pays occidentaux ». D’autres études doivent donc être menées pour mieux comprendre le phénomène, qui touche dix fois plus les filles que les garçons.

A noter : pour les filles comme pour les garçons, consultez un médecin si vous avez le moindre doute. La puberté précoce peut parfois cacher une pathologie sous-jacente. Pour parler de la puberté précoce avec votre enfant, vous pouvez vous appuyer sur ce document explicatif élaboré par l’Association Française des Pédiatres Endocrinologues Libéraux (Afpa).

  • Source : Fake News Santé – Inserm, par Laurianne Geffroy et Léa Surugue aux éditions du Cherche midi – Santé publique France - Italian Journal of Pediatrics - Afpa - 22 juin 2022

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche

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