











© fizkes/Shutterstock.com
La somnolence, c’est une diminution des capacités de maintien de l’éveil, qui se manifeste par une envie de dormir le soir ou en début d’après-midi. Un processus tout à fait normal. Mais elle devient pathologique si elle survient fréquemment en dehors de ces heures.
« La somnolence traduit un déséquilibre entre les systèmes veille/sommeil », explique le Pr Jean-Arthur Micoulaud, psychiatre, neurophysiologiste et médecin du sommeil au CHU de Bordeaux. Celle-ci peut se manifester de différentes façons : une envie irrépressible de dormir à un ou plusieurs moments de la journée ou des difficultés à se réveiller le matin ou après une sieste. Ses conséquences négatives sur les performances cognitives (troubles de l’attention), l’humeur (irritabilité, nervosité) et les accidents de la vie courante et la conduite automobile ont été montrées dans de nombreuses études.
Si la plupart des Français font le lien entre insomnie et problèmes de santé mentale, la somnolence est souvent négligée. Pourtant, le lien est bien réel et fonctionne dans les deux sens : la somnolence peut être à la fois un symptôme et un facteur aggravant de ces troubles.
Selon une enquête Opinionway pour l’Institut national du Sommeil et de la Vigilance (INSV), plus d’un quart des Français souffre de somnolence, un phénomène particulièrement marqué chez les travailleurs de nuit et les personnes aux horaires irréguliers.
Pourtant moins d’un Français sur quatre établit spontanément le lien entre somnolence et souffrance psychique. Ce manque de sensibilisation est préoccupant, car la somnolence peut être un indicateur précieux pour détecter et prendre en charge des troubles mentaux.
Les personnes souffrant d’anxiété ou de dépression sont plus susceptibles d’être somnolentes. L’anxiété perturbe en effet le cycle veille-sommeil, tandis que la dépression peut se manifester par une hypersomnie, une fatigue persistante et un manque de motivation.
Et à l’inverse, la somnolence peut aggraver les symptômes de l’anxiété et de la dépression.
Plus d’un tiers des jeunes adultes déclarent souffrir de somnolence. Ils sont également plus nombreux à présenter des signes de troubles du sommeil liés à l’anxiété, tels que des réveils nocturnes causés par des cauchemars et un sommeil irrégulier.
L’enquête fait ressortir deux causes majeures de somnolence dans cette population : « des erreurs d’hygiène de vie ou de comportements, en particulier le tabagisme, le recours au café et aux boissons énergisantes, et la consommation de produits toxiques », note l’INSV. « Et ce qu’on appelle iatrogénie médicamenteuse (autrement dit les effets indésirables des médicaments) avec, entre autres, la prise de médicaments stimulants (2 fois plus que la moyenne des personnes interrogées). »
L’Institut insiste donc sur l’importance de consulter un médecin en cas de somnolence excessive, surtout si elle s’accompagne de changements d’humeur, d’une perte d’intérêt pour les activités ou d’une tristesse persistante.
Autre élément révélateur : la durée et la fréquence des siestes. Une sieste réparatrice est normale, mais des siestes excessives et non reposantes doivent alerter.
Source : Institut national du Sommeil et de la Vigilance
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet