La télé pendant le repas freine l’acquisition du langage
08 juin 2021
Qu'est-ce qui se joue pendant les repas en famille, à l'heure où tout le monde se retrouve à table ? Rien de moins que l'acquisition du langage des plus petits. Mais la télé allumée perturbe le processus, selon des chercheurs de l'Inserm.
Voilà quelques mois, les rédacteurs du Bulletin épidémiologique hebdomadaire s’étaient intéressés aux effets de l’exposition aux écrans de plus d’une centaine d’enfants de 3 ans et demi à 6 ans et demi juste avant d’aller à l’école. Dans la continuité d’autres travaux consacrés à l’impact des écrans sur le développement cognitif des plus petits, ils avaient conclu que les enfants exposés à un écran dès le matin présentaient trois fois plus de risque de développer des troubles primaires du langage. Et au moment des repas en famille, alors ?
C’est ce moment privilégié qu’ont choisi d’étudier des chercheurs de l’Inserm et d’Université de Paris. Privilégié, car théoriquement riche en interactions verbales entre parents et enfants ; celles-ci jouent un rôle important dans l’acquisition du langage des plus jeunes. Mais que se passe-t-il lorsque la télé est allumée ?
Jamais, parfois, souvent, toujours
Pour le savoir, les chercheurs ont évalué les capacités langagières de plus de 1 500 enfants aux âges de 2, 3 et 5 ans et demi. Leurs parents ont également rempli des questionnaires portant notamment sur la fréquence à laquelle « la télévision était allumée dans la salle à manger pendant que l’enfant mange à la maison ». Conclusion : une fréquence plus élevée de télé allumée pendant les repas en famille est associée à de moins bons résultats en matière de langage. Et ce, que l’écran soit regardé ou allumé en fond sonore ou visuel.
Dans le détail, « le niveau de langage à 2 ans était plus faible chez les enfants ‘toujours’ exposés à la télévision pendant les repas de famille par rapport aux enfants qui ne l’étaient ‘jamais’ ». A 3 ans et 5 ans et demi, « les évaluations de langage et le quotient intellectuel verbal étaient plus élevés chez les enfants ‘jamais’ exposés à la télévision pendant les repas de famille, par rapport à ceux qui l’étaient ‘parfois’ ou plus fréquemment ».
Cette étude semble donc, elle aussi, confirmer que l’exposition aux écrans n’est pas neutre, s’agissant du développement cognitif des plus jeunes. Les résultats suggèrent en outre que le langage de l’enfant n’est pas directement lié au temps passé devant les écrans, mais davantage au contexte et à la fréquence de l’exposition.
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Source : Inserm, Scientific Reports, le 8 juin 2021
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet