La vaccination des enfants en net recul dans le monde
24 avril 2023
Selon l’Unicef, 67 millions d’enfants dans le monde ont été privés partiellement ou totalement de vaccins en 2019 et 2021. Premiers responsables ? Le Covid-19 et une défiance grandissante à l’égard de la vaccination. Faisons le point à l’occasion de la Semaine européenne de la vaccination du 24 au 30 avril.
67 millions d’enfants dans le monde n’ont pas reçu un ou plusieurs vaccins entre 2019 et 2021. 67 millions, c’est autant d’enfants qui ne sont plus protégés contre des maladies souvent mortelles, pourtant évitables. Ce constat alarmant est dressé par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) dans un rapport publié le 20 avril dernier.
« Au plus fort de la pandémie, les scientifiques ont su développer rapidement des vaccins qui ont permis de sauver d’innombrables vies. Malgré ce succès historique, la crainte et la désinformation autour de la vaccination en général se sont pourtant propagées à aussi grande échelle que le virus lui-même », regrette Catherine Russell, directrice de l’Unicef.
Au total, les taux de couverture vaccinale s’affichent à la baisse dans 112 pays. Sur ces 67 millions d’enfants, 48 millions n’ont reçu aucun des vaccins de routine, on les appelle les enfants « zéro dose ». Leur nombre s’établit à 21 000 en France.
Seulement 74,6 % de taux de confiance dans les vaccins en France
Les responsables du recul de la vaccination ? Le Covid-19, une défiance grandissante à l’égard des vaccins, et l’augmentation des informations trompeuses à leur sujet. L’Unicef pointe ainsi les lourdes exigences ayant pesé sur les systèmes de santé durant la pandémie, la réaffectation des ressources en faveur de la vaccination contre la Covid-19, des pénuries de personnel soignant et des mesures de confinement à domicile.
Quant à la confiance dans les vaccins destinés aux enfants, elle a reculé partout dans le monde, jusqu’à 44 % dans certains pays. « La confiance à l’égard de la vaccination de routine ne doit pas compter parmi les victimes de la pandémie, sous peine de voir prochainement un grand nombre d’enfants succomber à la rougeole, à la diphtérie ou à d’autres maladies évitables », met en garde Catherine Russell.
Ainsi, l’importance accordée à la vaccination infantile a diminué dans 52 des 55 pays étudiés par l’Unicef. Elle est restée stable ou a progressé en Chine, au Mexique et en Inde. En France, la perte de confiance à l’égard de la vaccination atteint 11 %. Alors qu’en moyenne, 80 % des personnes interrogées dans les 55 pays étudiés ont jugé qu’il était important de faire vacciner les enfants, ce chiffre n’atteint que 74,6 % en France.
La rougeole et la polio en forte hausse
L’Unicef alerte sur l’âge des enfants, dont près de la moitié vit sur le continent africain, qui n’ont pas été vaccinés ou seulement partiellement. Ils « auront bientôt dépassé l’âge auquel les vaccins sont habituellement administrés : il s’avère donc d’autant plus urgent de rattraper les retards accumulés afin de prévenir des flambées épidémiques de maladies mortelles », précise le rapport.
Pour rappel, les vaccins servent à protéger les personnes qui reçoivent les sérums et à assurer l’immunité collective si le nombre de personnes vaccinées dans la population est suffisant. C’est ce qui inquiète l’Unicef alors que « les cas de rougeole dans le monde ont doublé par rapport à 2021, et que le nombre d’enfants paralysés par la polio a augmenté de 16 % sur la même période ».
Le Fonds ajoute : « Au cours de la période de trois ans entre 2019 et 2021, la polio a paralysé huit fois plus d’enfants qu’au cours des trois années précédentes. Cette situation souligne la nécessité d’intensifier durablement les efforts en faveur de la vaccination ».
Tuberculose, diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, rougeole… toutes ces maladies sont évitables grâce à la vaccination. Elles ont largement reculé, voire pratiquement disparu pour certaines, grâce aux campagnes de vaccination. « Cette baisse de confiance s’inscrit dans le contexte du plus grand recul ininterrompu des vaccinations infantiles en trente ans », s’alarme l’Unicef.
Pour contrecarrer la tendance, l’Unicef appelle notamment à renforcer les soins de santé primaire et à mieux payer les agents de santé.