La vasectomie séduit de plus en plus les hommes
17 novembre 2023
Quelle bonne idée de la part des hommes que de partager la charge mentale de la contraception avec les femmes ! Alors que la vasectomie, méthode de "contraception permanente" de l’homme, suscite de plus en plus d'intérêt en France, la vasectomie sans scalpel se développe. Déjà pratiquée à travers le monde, cette technique simple et sûre est encouragée par les spécialistes de l’Association française d’urologie (AFU). Explications à l’occasion de la Journée mondiale de la vasectomie, ce 17 novembre 2023.
Avec le mouvement #MeToo et la méfiance croissante des femmes envers les hormones, l’espoir encore éloigné de la pilule contraceptive pour homme, la contraception thermique sous forme de “slips chauffants” peu fiable à ce stade, ainsi que les anticorps-antispermatozoïdes au point mort, la vasectomie semble avoir de beaux jours devant elle. En dix ans, le nombre de ces petites chirurgies a été multiplié par dix à douze en France. 23 306 interventions ont été pratiquées en 2021 (chiffres de l’Assurance maladie) et la demande ne cesse d’augmenter.
Il faut se souvenir que jusqu’en 2001, l’intervention était interdite car considérée comme “une atteinte à l’intégrité physique du patient”. La marge de progression est donc importante, si l’on compare à un homme vasectomisé sur trois au Canada, 19 % dans les pays nordiques, 10 % au Royaume-Uni, 19 % en Corée du Sud, et 20 millions d’hommes en Chine et en Inde.
Les hommes sont satisfaits
La vasectomie, une contraception permanente, sûre et efficace pour l’homme, « est une intervention de plus en plus demandée, d’autant que c’est une petite chirurgie qui comporte un faible risque d’infections ou d’hématome (dans 1 à 2 % des cas) », commente le Dr Charlotte Methorst, chirurgienne urologue à Saint-Cloud. « Les patients sont globalement satisfaits de cette décision », ajoute-t-elle. En effet, 97 % des hommes interrogés se sont déclarés satisfaits d’avoir subi une vasectomie, selon une enquête menée en 2022 par le Dr Wafik Touil (CHU de Toulouse). Le basculement de la charge contraceptive de la femme vers l’homme était la principale motivation pour 76 % d’entre eux.
Une procédure mini-invasive
Aujourd’hui, « partout sauf en France, on pratique la vasectomie sans scalpel », rappelle le Pr Éric Huygues, responsable du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’Association française d’urologie (AFU). Cette technique mondialement reconnue est arrivée il y a quelques années en France, et les urologues souhaiteraient la voir généralisée en raison du taux de complications moins élevé que la vasectomie conventionnelle. Ils viennent d’ailleurs de le consigner dans les recommandations 2023, rejoignant ainsi les recommandations internationales.
Cette vasectomie mini-invasive, au moyen d’une incision de moins de 10 mm et sans bistouri, a pour principe de mettre au jour le canal déférent, qui achemine les spermatozoïdes des testicules vers la sortie, puis de le refermer. En toute logique, le temps opératoire est plus court (-30 %), pour une durée totale d’une dizaine de minutes, sous anesthésie locale (ou anesthésie générale en cas de sensibilité ou de maladie touchant le scrotum, ou en cas d’anxiété marquée).
Aucune conséquences négatives sur la sexualité
Pas d’inquiétude, il n’y a aucune incidence de la vasectomie sur la libido, puisque le taux de testostérone n’est pas affecté. De plus, les spermatozoïdes représentant seulement 3 % du volume de l’éjaculat, le patient devient donc stérile sans que son éjaculation, ni sa sexualité, ne soient modifiées par l’opération. Au contraire, libérés du risque d’une grossesse non désirée, les couples retrouvent souvent une vie intime plus épanouie.
Moins de 1 % de risque d’échec
La vasectomie n’est pas sûre à 100 % : même après avoir vérifié l’efficacité par un spermogramme post-intervention, le risque de grossesse est de 1 sur 2000. L’effet contraceptif de la vasectomie n’est pas immédiat, des spermatozoïdes vivants pouvant être présents dans les canaux déférents et les vésicules séminales. Une absence de spermatozoïdes ou moins de 100 000 spermatozoïdes immobiles par mL, confirme l’efficacité de l’intervention, ce qui est généralement obtenu après un délai de 3 mois et 20 à 30 éjaculations.
Et si l’on éprouve des regrets ?
La vasectomie est une contraception permanente, potentiellement mais difficilement réversible. Le désir de conception des hommes après vasectomie est estimé entre 6 et 7 %, selon les études. « La réversibilité de cette contraception prolongée n’est pas garantie, indique le Pr Huygues, ce qui en fait une méthode de stérilisation plus que de contraception. » « Reperméabiliser » des canaux déférents qui ont été obturés chirurgicalement est une opération possible, mais dont les résultats sont souvent décevants. Pratiquée dans les 3 années qui suivent la vasectomie, la “vasovasostomie” offre un taux de réussite entre 30 et 70 %. Au-delà, la probabilité pour l’homme de féconder naturellement chute drastiquement.
Cependant, il reste des possibilités de concevoir en prélevant des spermatozoïdes chez l’homme et en réalisant une fécondation in vitro. Une autre solution consiste à mettre en réserve des paillettes dans un centre de conservation du sperme avant la vasectomie.
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Source : Interview du Pr Éric Huygues, responsable du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’association française d’urologie (AFU) et suivi de la conférence de presse du CFU 2023 (08/11/23) - 116e Congrès AFU (2022) - Journée mondiale de la vasectomie : World Vasectomy Day - Les recommandations du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’AFU concernant la prise en charge de la vasectomie (2023) - Hupertan V, « Vasectomie sans bistouri: 3 enseignements après 526 vasectomies sans scalpel » (présentation du 18 novembre 2022) - Touil W, Retour d’expérience de patients ayant eu vasectomie et étude de son retentissement, Congrès AFU 2022, présentation du 18 novembre 2022, Paris, France - Présentation d’Huygues E., « La vasectomie sans scalpel enfin disponible » (17 novembre 2022, CFU 2022, Paris.)
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Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet