La vasectomie, très efficace à condition de suivre quelques règles
03 décembre 2024
Des spermatozoïdes sont souvent détectés lors du spermogramme de contrôle réalisé trois mois après une vasectomie. Faut-il s’en inquiéter ? Le geste chirurgical est-il pour autant efficace ? Faut-il abandonner toute contraception dans le couple après une vasectomie ? Voici les réponses.
La vasectomie est une méthode contraceptive masculine permanente, parfois réversible. Elle consiste à couper les deux canaux déférents qui permettent aux spermatozoïdes de sortir de chacun des testicules et de rejoindre la prostate avant d’être expulsés lors de l’éjaculation.
Rapide et sûre, la technique mini-invasive « sans bistouri »
Cette intervention rapide, sans contre-indication majeure, a été autorisée en France en 2001. Depuis, le nombre de vasectomies augmente, et même de manière exponentielle depuis 2017 : on comptait 1 908 interventions par an au début des années 2010 et en 2022, ce chiffre atteignait 30 292, soit 15 fois plus en seulement 12 ans !
Aujourd’hui, la technique mini-invasive « sans bistouri » (« sans scalpel ») est la plus utilisée. Réalisée en ambulatoire et sous anesthésie locale, elle entraîne très peu de complications et en particulier très peu d’hématomes. Le geste consiste, en une dizaine de minutes, à réaliser une petite perforation dans le scrotum (le sac de peau et de tissu fibromusculaire situé à la racine du pénis), puis à extérioriser les canaux déférents à l’aide d’une pince à anneau. Une fois sortis, les canaux sont sectionnés.
Si cette méthode est réputée sûre, parfois des spermatozoïdes sont encore détectés lorsque l’on procède à un spermogramme de contrôle 3 mois après. Rien d’anormal à cela, si ce n’est que cela traduit généralement un manquement au respect du protocole par l’intéressé lui-même. Car pour que la vasectomie soit efficace, il est essentiel d’observer certaines règles. Celle-ci ont été rappelées dans les 1ère recommandations sur le sujet par le Comité d’Andrologie et de Médecine Sexuelle de l’Association française d’urologie (AFU) parue l’an dernier.
Les règles à observer pour une vasectomie efficace
La persistance de spermatozoïdes dans le spermogramme de contrôle inquiète souvent les patients. Les médecins ont parfois des difficultés à gérer ces situations, comme l’a reconnu le Dr Boris Delaunay, urologue au CHU de Toulouse, lors du 118e congrès de l’Association française d’urologie (20-23 novembre 2024, Paris) : « ce n’est ni exceptionnel ni préoccupant, » rassure-t-il. « Peut-être que le patient n’a pas suivi les recommandations consistant à réaliser 20 à 30 éjaculations dans les trois mois suivant la vasectomie pour nettoyer les voies génitales. En effet, une fois les canaux déférents coupés, ils doivent être correctement “vidangés”. » L’urologue ajoute : « la vasectomie représente souvent une phase de transition pour le couple. La femme retire son stérilet ou cesse la pilule, et, durant cette période, ils utilisent parfois des préservatifs. Cela peut susciter chez certains hommes une crainte que leur partenaire tombe enceinte, ce qui réduit la fréquence des rapports sexuels et, par conséquent, le nombre d’éjaculations nécessaires pour vider les voies génitales. »
Si, à trois mois de la vasectomie, le spermogramme confirme l’absence totale de spermatozoïdes dans l’éjaculat (azoospermie) ou ne montre que de rares spermatozoïdes immobiles (moins de 100 000 spermatozoïdes /mL), aucun contrôle supplémentaire n’est nécessaire ; l’homme est considéré comme stérile. Le spermogramme doit bien être réalisé à trois mois, et pas plus tôt, sous peine de fausser les résultats.
Une autre raison pour qu’un homme ne soit pas considéré comme stérile trois mois après une vasectomie peut être tout simplement la réalisation trop précoce du spermogramme de contrôle. Selon l’urologue, de nombreux patients effectuent cet examen trop tôt, souvent à deux ou deux mois et demi.
Par ailleurs, chez certains hommes, des spermatozoïdes mobiles peuvent persister ou une quantité plus importante de spermatozoïdes immobiles est détectée (>100 000 spermatozoïdes /mL). Pendant cette période transitoire, un mode de contraception alternatif doit impérativement être utilisé.
Si des spermatozoïdes persistent à trois mois, un nouveau spermogramme est recommandé à six mois. En cas de présence de spermatozoïdes mobiles ou de plus de 100 000 spermatozoïdes immobiles par millilitre à six mois, une nouvelle intervention devra être envisagée.
Des facteurs plus rares
D’autres facteurs peuvent expliquer un échec de stérilisation comme un geste chirurgical non efficace à cause de difficultés techniques (des canaux déférents peu visibles, enfouis…). Le médecin peut croire à tort avoir sectionné les canaux déférents.
Une autre cause possible est une « recanalisation tardive » du canal déférent. Ce phénomène est très rare (0,04 % des cas). Pour limiter cette « reconnexion » des deux bouts du canal déférent sectionné, l’AFU a rédigé les bonnes pratiques à suivre pour les urologues lors du geste de vasectomie.
Enfin, certains hommes ont 3 canaux déférents dont 2 du même côté. L’urologue peut donc en couper deux sans imaginer qu’il y en a un troisième. Cette anomalie anatomique est rarissime et une étude publiée en 2018 avait recensé 29 cas dans le monde.
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Source : Suivi de la conférence « 20/11/24, CFU ; EA 4 12.00 - Que faire en cas de spermatozoïdes persistants après vasectomie ? Boris DELAUNAY (Toulouse) ; EPI-PHARE. État des lieux de la pratique de la vasectomie en France entre 2010 et 2022 ;12 février 2024 ; Recommandations du Comité d’Andrologie et de Médecine Sexuelle de l’AFU concernant la prise en charge de la vasectomie. Prog Urol, 2023, 5, 33, 223-236
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Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet