Le lait pour prévenir le déclin cognitif ?
26 janvier 2017
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La consommation de lait peut-elle présenter un effet protecteur sur la santé cérébrale ? De nombreuses études ont déjà été menées sur le sujet. Problème, si certains auteurs répondent par l’affirmative, d’autres répliquent par un grand « Non ». Pour en avoir le cœur net, une équipe chinoise a passé au crible plusieurs de ces travaux publiés entre 2006 et 2015.
Le déclin cognitif est devenu un problème de santé publique à part entière. La maladie d’Alzheimer – pour ne citer qu’elle – touche à l’heure actuelle 850 000 patients en France. Un chiffre qui risque d’exploser dans les années à venir avec le vieillissement de la population.
Les publications scientifiques accordant à notre alimentation des vertus protectrices contre les maladies liées à l’âge se multiplient. Ces dernières années, des travaux épidémiologiques se sont intéressés aux bienfaits du lait, l’un des aliments les plus consommés (mais aussi parfois décriés) au monde. Certains affirmant qu’il permettrait de ralentir le déclin cognitif.
Pour en savoir plus, une équipe dirigée par Lei Wu, du Chinese People’s Liberation Army General Hospital, de Pékin a conduit une méta-analyse sur cette relation entre la consommation de lait et le risque de troubles cognitifs liés à l’âge. Selon l’étude, le suivi des volontaires (au total 10 941 sujets) s’est étalé de 4 à 25 ans.
Résultat, le fait de consommer du lait aiderait effectivement à prévenir les troubles cognitifs. Un risque qui serait réduit de 28% pour les plus gros consommateurs, même si les auteurs admettent que cette statistique est basée sur « un nombre restreint de travaux examinés ».
Autre observation, « les produits laitiers (de manière générale) sont inversement liés à la survenue d’accident vasculaire cérébral ». En clair, en consommer réduirait le risque d’AVC. Lequel participe au développement de démences vasculaires.
« Le rôle préventif d’un régime alimentaire riche en lait peut être attribué à ses protéines, ses minéraux, ses vitamines et ses acides aminés essentiels », avance Lei Wu. Par ailleurs, les scientifiques avancent l’idée selon laquelle cette consommation « aiderait à prévenir le risque de diabète de type 2, d’hypertension, de dyslipidémie ou encore d’obésité (qui eux favorisent) le déclin cognitif lié à l’âge ».
Lait et cerveau : des résultats à interpréter avec prudence
Ce travail est pourtant marqué par quelques limites, comme le soulignent les auteurs. Les modèles « doses-réponses » n’ont pas été investigués. En résumé, impossible de savoir à partir de quelles quantités le lait deviendrait efficace.
Ensuite, cette méta-analyse est basée sur des études observationnelles. Il est donc possible que l’association observée soit affectée par des facteurs de confusion.
Enfin, il est possible que les consommateurs de lait soient également ceux qui ont des modes de vie plus sains : pratique d’une activité physique, pas d’alcool, pas de tabac… Des éléments déjà reconnus comme protecteurs contre le déclin cognitif.
Affaire à suivre, donc…
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Source : Meta-Analysis of Milk Consumption and the Risk of Cognitive Disorders, Lei Wu and Dali Sun, Nutrients. 2016 Dec; 8(12): 824.
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par: Dominique Salomon