L’autisme, une maladie qui n’a pas de sens
17 novembre 2014
Les troubles du spectre autistique touchent plus de 650 000 patients en France. ©Phovoir
Près de 90% des enfants autistes présentent des troubles sensoriels. Touché, ouïe, vue, gout, odorat, les informations en provenance des 5 sens ne sont pas intégrées correctement dans le cerveau. Voilà qui explique des attitudes souvent inappropriées voire violentes. Pour la première fois des chercheurs français sont parvenus à comprendre ce processus et ont même découvert une molécule pouvant inverser ces effets et rétablir un comportement « normal ».
Les troubles du spectre autistique (TSA) touchent plus de 650 000 patients en France. Des estimations récentes suggèrent qu’un enfant sur 68 est concerné par cette maladie. Une large majorité de ces jeunes malades est touchée par des problèmes sensoriels. En fait, les anomalies proviennent du fait que les informations périphériques, que ce soit du touché, de l’ouïe ou encore de la vision, ne sont pas intégrées ou organisées correctement dans le cerveau. « Par exemple, au supermarché, de simples lumières fluorescentes peuvent être une expérience sensorielle aversive », expliquent les chercheurs de l’Unité INSERM 862 « Neurocentre Magendie » (Bordeaux).
Ces derniers ont ainsi montré que des souris atteintes du syndrome de l’X fragile (une pathologie apparentée), présentent des anomalies dans la façon dont les informations sont traitées par le néocortex. C’est cette partie du cerveau qui est responsable entre autres de la perception sensorielle. Chez les rongeurs malades, ce néocortex est anormalement excité en réponse à des stimulations sensorielles tactiles.
Explication : certains canaux ioniques, c’est-à-dire les molécules qui déterminent la façon dont les neurones traitent les signaux électriques, se montrent « défaillants dans le compartiment dendritique ». C’est cette structure qui intègre les informations et qui se comporte véritablement comme le « cerveau » des neurones.
En utilisant une molécule pharmacologique capable de mimer le mécanisme en jeu, les scientifiques sont parvenus à corriger cette « hyperexcitabilité néocorticale et les anomalies de l’intégration neuronale ». Une découverte, somme toute préliminaire, mais qui devrait aider à mieux comprendre les troubles du spectre autistique et représente un pas supplémentaire vers un éventuel traitement.