Le baclofène, efficace à haute dose

22 avril 2015

Un an après l’obtention d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) dans la prise en charge de l’alcoolodépendance, une étude allemande (double aveugle contre placebo) prouve pour la première fois l’efficacité de ce myorelaxant dans cette indication, lorsqu’il est prescrit à haute dose. Les précisions du Pr Bernard Granger, psychiatre à l’Hôpital Tarnier (AP-HP).

« Dès lors qu’il est prescrit à forte dose, le baclofène est efficace pour soigner les patients sujets à l’alcoolodépendance », ont confirmé les auteurs de l’étude BACLAD, publiée dans la revue European Neuropsychopharmacolgy. Pour le prouver, les chercheurs allemands ont formé deux groupes de 28 patients. Tous avaient des problèmes avec l’alcool depuis plus de 10 ans en moyenne. Sur une durée de 6 mois, la première moitié s’est vu prescrire du baclofène, la seconde un placebo.

Pour les deux groupes, « le traitement a commencé progressivement pendant 4 semaines pour atteindre une dose maximale comprise entre 30 mg et 270 mg par jour », décrit le Pr Granger. « Cette posologie a été maintenue pendant 12 semaines, pour être progressivement diminuée sur 4 semaines. Puis les patients ont été suivis 4 semaines supplémentaires sans traitement. »

Peu d’effets indésirables

Résultat, 43% des volontaires sous baclofène sont devenus abstinents (12 sur 28 patients), contre 14,3 % sous placebo (4 patients sur 28). Au total, 2 des 28 patients sous baclofène sont sortis de l’étude du fait d’une difficulté à supporter le traitement. Dans les deux cas, les symptômes rapportés étaient une fatigue inhabituelle. Par ailleurs, le baclofène a souvent entraîné des troubles du sommeil, mais sans que cela oblige le patient à arrêter l’essai. « La durée et la gêne liés aux effets indésirables sont variables d’un patient à l’autre, et sont souvent bénins et/transitoires », indique le Pr Granger. « Dans mon expérience, quasiment 100% des patients y sont exposés à un moment ou à un autre, mais l’arrêt du traitement dû à de tels effets est plutôt rare. »

Et en France ?

Dans l’Hexagone, les résultats des deux études Bacloville et Alpadir sont attendus « pour la fin de l’année 2015 probablement ».  Menée sur 12 mois, l’étude Bacloville se concentre sur la plus-value du baclofène pour aider le patient à maîtriser ses pulsions alcooliques. Elle autorise une prescription maximale de 300 mg/jour. En revanche, les patients inclus dans l’étude Alpadir – visant l’abstinence – seront limités à 180 mg/jour pendant 6 mois ». Pour les défenseurs du Baclofène, cette restriction du dosage va à l’encontre de la sortie de la dépendance. « Les résultats de ce travail germanique le prouvent : limiter la prescription à 180 mg/jour empêche une forte proportion de patients de bénéficier du traitement », conclut en effet le Pr Bernard Granger.

  • Source : Interview du Pr Bernard Granger, psychiatre addictologue à l’Hôpital Tarnier (AP-HP), le 20 avril 2015

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Dominique Salomon

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