Baclofène et alcoolodépendance : premier bilan après autorisation
24 mars 2015
Parmi les 3 570 patients ayant bénéficié du baclofène, 163 ont arrêté leur traitement. ©Destination Santé
Voilà maintenant un an que le baclofène (Lioresal®, Baclofène Zentiva®) est prescrit dans un cadre très strict aux patients alcoolodépendants. Plus de 3 500 Français ont pu bénéficier de cette molécule pour se départir de leur addiction sur les 6 premiers mois de RTU. A quel point le baclofène aide-t-il à maîtriser la consommation d’alcool ? Les effets secondaires sont-ils fréquents ? En réponse à ces questions, l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) a publié ce lundi 23 mars les premières données collectées auprès du corps médical.
En mars 2014, après le long combat mené par de nombreux addictologues, médecins généralistes et psychiatres, le baclofène a obtenu une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). Depuis un an donc, ce myorelaxant, initialement prescrit depuis 1974 contre la spasticité musculaire, est aussi délivré dans la prise en charge de l’alcoolodépendance. L’objectif étant d’aider « au maintien de l’abstinence après un sevrage (…) en cas d’échec des thérapeutiques disponibles ». Ainsi la prescription de baclofène vise-t-elle « la réduction majeure de la consommation d’alcool jusqu’au niveau faible de consommation tel que défini par l’OMS ».
Quelle efficacité ?
« Entre le 14 mars 2014 et le 16 septembre de la même année, 3 570 patients sous baclofène ont été enregistrés par 679 médecins, dont 45% de généralistes, 32% d’addictologues et 13% de psychiatres », indique le bilan de l’ANSM. Dans 7 cas sur 10, l’alcoolodépendance concerne un homme. Les deux sexes confondus, la moyenne d’âge s’élève à 48 ans.
Résultat, parmi les patients en initiation de traitement, la plus fréquente indication est la réduction de la consommation d’alcool (65%). En moyenne la diminution de la consommation journalière d’alcool est de 56 g/j. Enfin, le craving, soit le besoin irrépressible de consommer de l’alcool, s’est atténué dans 74% des cas.
Prescription sous haute vigilance
En six mois, l’ANSM a également pu faire le point sur l’incidence des effets indésirables. Ainsi 3,9 % des patients ont déclaré avoir souffert de troubles neurologiques, 2,9% ont été exposés à des atteintes psychiatriques comme des troubles anxieux (0,5%), une dépression majeure (0,3%) voire des idées suicidaires (0,2%).
Pour assurer la plus haute sécurité dans la délivrance de ce médicament à marge thérapeutique étroite, l’ANSM rappelle donc l’obligation de respecter avec vigilance la posologie fixée dans le cadre de la RTU. Enfin, pour répertorier le plus précisément possible les taux d’efficacité ainsi que les risques d’effets secondaires, il est indispensable que le corps médical transmette toutes « les données de suivi via le portail électronique www.rtubaclofene.org », rappelle ladite autorité.