Le BCG bientôt abandonné ?

20 mars 2003

« La tuberculose ne justifiera bientôt plus une politique de vaccination généralisée des enfants par le BCG ». Le Pr Elisabeth Bouvet (hôpital Bichat de Paris) jette un véritable pavé dans la mare. Une idée révolutionnaire, mais pas sans fondement…

Dans l’éditorial du dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire, elle affirme que « le bénéfice de la vaccination généralisée par le BCG paraît faible. »

Au siège de l’OMS à Genève, Léopold Blanc est responsable de la stratégie de lutte contre la tuberculose. Selon lui, cette position est tout à fait acceptable. « Les Pays-Bas par exemple, ont déjà arrêté la vaccination par le BCG. La Finlande aussi. La vaccination permet de prévenir la tuberculose grave chez les enfants, mais elle ne prévient pas la tuberculose de l’adulte ou très peu. Il ne faut pas penser que l’on est protégé contre la tuberculose. Et la meilleure façon de se protéger contre la tuberculose c’est que les pays qui en ont les moyens aident les pays qui n’en ont pas les moyens à lutter efficacement contre la tuberculose. »

Dans l’Union européenne, seules la France et la Grèce continuent de vacciner les enfants avant 6 ans. Et la France est la seule à avoir une politique systématique de revaccination. Le Conseil supérieur d’hygiène publique de France (CSHPF) pour sa part, a d’ailleurs émis un avis favorable à l’abandon de la revaccination. Déjà en 1995, l’OMS soulignait qu’ « aucun résultat scientifique ne confirme l’utilité de cette pratique et que les revaccinations multiples ne sont jamais indiquées. »

En France aujourd’hui, la tuberculose touche principalement les migrants. Elisabeth Bouvet espère donc que « l’abandon de la vaccination généralisée permettra d’impulser une attitude active de lutte contre la tuberculose par des interventions de terrain.» Pour Léopold Blanc, il est capital « de vacciner a la naissance (ou proche de la naissance) les enfants les plus à risque, comme les enfants de migrants qui reviennent dans leurs pays d’origine pendant les vacances par exemple. »

  • Source : Direction générale de la Santé, 18 mars 2003

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