Le bégaiement, un défi à surmonter

16 septembre 2024

La répétition de syllabes, le prolongement de certains sons, des pauses au milieu des mots… Dans une récente interview, le journaliste Julien Arnaud, qui vient de reprendre la co-présentation de l’émission Télématin, expliquait avoir souffert, durant son enfance, de bégaiement lors des moments de tension. Loin d'être un simple défaut de prononciation, le bégaiement est un véritable défi quotidien pour ceux qui en souffrent. Mais qu'est-ce exactement ? Comment le reconnaître et surtout, comment l'apprivoiser ?

Le bégaiement, un trouble de la parole qui affecte le rythme et la fluidité du discours, touche entre 1 % et 2,5 % des enfants et jusqu’à 1 % des adultes dans le monde. Souvent perçu par le grand public comme un simple problème de communication – il peut prêter à rire – ce trouble peut en réalité avoir de réelles répercussions sur la vie quotidienne et la santé mentale des personnes qui en souffrent. « Dès que vous bégayez un petit peu, vous êtes fichu, vous êtes discrédité », expliquait récemment le journaliste Julien Arnaud au micro de RTL. « Vous vous faites défoncer par tout le monde. C’est tellement facile de s’en prendre plein la figure. »

Ainsi, près de 40 % des enfants de 12 à 17 ans qui bégaient souffrent également de troubles tels que l’anxiété ou la dépression.

Un trouble aux multiples facettes

Parler est une mécanique de précision qui implique une coordination entre divers groupes musculaires, allant du visage au ventre. Le bégaiement provoque des mouvements incontrôlés ou des spasmes dans les muscles utilisés pour la parole. Ainsi, les professionnels de la diction s’appuient sur différents symptômes pour établir leur diagnostic :

  • avoir du mal à commencer un mot, une phrase ;
  • étirer un mot ou des sons à l’intérieur d’un mot ;
  • effectuer des pauses avant ou dans un mot ;
  • répéter des mots monosyllabiques comme « je » ou « le » ;
  • ajouter des mots supplémentaires tels que « euh » lors de difficultés à passer au mot suivant ;
  • beaucoup de tension, de raideur ou de mouvement du visage ou du haut du corps lors de la prononciation d’un mot.

Des signes qui peuvent s’accompagner d’autres manifestations comme le fait de cligner rapidement des yeux, des tremblements des lèvres ou de la mâchoire, des tics faciaux, les poings serrés…

Des origines multiples

Il existe plusieurs formes de bégaiement :

  • Le bégaiement développemental qui se produit chez les enfants lorsqu’ils apprennent à parler. Un problème de coordination sensorielle et motrice ou bien encore des causes génétiques peuvent en être responsables ;
  • Le bégaiement persistant. Il s’agit d’un bégaiement développemental qui se poursuit à l’âge adulte.
  • Le bégaiement acquis. Cette forme peut faire suite à un accident vasculaire cérébral, un traumatisme crânien… Ou bien encore à une détresse émotionnelle. Il arrive en effet que des locuteurs qui ne bégaient généralement pas puissent éprouver des problèmes de fluidité lorsqu’ils sont nerveux ou se sentent sous pression.

Heureusement, des traitements existent. L’orthophonie est la principale forme de prise en charge, aidant les patients à améliorer leur fluidité verbale et à gérer leur anxiété liée à la parole. Pour les enfants, jusqu’à 90 % se remettent complètement du bégaiement avant l’âge de 18 ans.

Une thérapie cognitivo-comportementale peut également aider à se débarrasser ou à améliorer les problèmes de stress, d’anxiété ou d’estime de soi liés au bégaiement.

Par ailleurs, de nombreux spécialistes conseillent de privilégier des activités comme le chant et la sophrologie. Relaxantes et stimulantes, ces techniques sont efficaces chez l’adulte comme chez l’enfant pour le développement de l’oralité. Mais aussi pour la confiance en soi.

Pour Julien Arnaud, la porte de sortie a pris la forme d’un évitement d’obstacles. « En bégayant, vous intégrez le fait de réfléchir à ce que vous allez dire avant de le dire. Anticiper permet d’avoir un temps d’avance et de mieux contrôler son débit », témoigne celui qui souffrait d’une forme légère du trouble.

Et si mon enfant souffre de bégaiement ?

Face à un enfant qui bégaie, un parent peut facilement être perturbé, ne sachant pas comment réagir. Alors, comment l’aider ?

  • Donnez l’exemple en lui montrant qu’il peut parler plus lentement. N’hésitez pas à le faire vous-même ;
  • Ne le punissez pas pour son bégaiement. Cela aurait l’effet inverse et aggraverait considérablement son anxiété ;
  • Ne l’interrompez pas et ne cherchez pas à finir ses mots ou ses phrases ;
  • Ce n’est pas tabou. Si votre enfant bégaie, dites-lui qu’il peut en parler. Discuter de ses sentiments de frustration ou de gêne peut atténuer ses sentiments négatifs à l’égard de ce trouble.
  • Source : https://my.clevelandclinic.org/ - www.mayoclinic.org/

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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