Sexualité : c’est quoi le chemsex ?

14 février 2023

Evoqué dans l’affaire impliquant le comédien Pierre Palmade, le chemsex renvoie à la prise de drogues lors de rapports sexuels. Une pratique qui n’est pas sans risques.

Selon nos confrères de BFM TV, au moment de l’accident impliquant l’humoriste Pierre Palmade cela faisait plus « de 24 heures que (le comédien) faisait la fête dans sa maison de Dammarie-les-Lys, avec quatre autres jeunes gens et qu’ils consommaient diverses drogues, notamment des drogues de type ‘chemsex’ en injections ». 

Sexe et drogues, des heures durant

Fusion des mots sex et chems pour chemicals – qui désigne en anglais courant les drogues illicites – le chemsex est apparu en France au milieu des années 2000. Il y connaît un essor notoire depuis les années 2010. Né dans les milieux gays libertins des années 1990, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, cette pratique consiste à enchaîner prise de drogues et rapports sexuels des heures, voire des jours durant, souvent avec des partenaires multiples.

Sniffées, avalées, insérées dans l’anus ou encore injectées par voie intraveineuse, les drogues utilisées sont le plus souvent des cocktails de cathinones, de GHB (la drogue du violeur), ou encore de cocaïne, MDMA, kétamine ou méthamphétamine.

Toutes ces drogues de synthèse promettent à leurs utilisateurs une sexualité extatique : elles coupent la faim et le sommeil, lèvent les inhibitions et augmentent le désir et les sensations. Leur consommation s’accompagne souvent d’alcool et de poppers, ainsi que de médicaments favorisant l’érection (Viagra®…), qui peut être inhibée par ces drogues.

Une pratique à haut risque

Les chemsexeurs risquent de devenir très rapidement accros, avec tous les risques psychosociaux que cela comporte : de la dépression aux troubles psychiatriques, en passant par l’isolement social et l’incapacité à éprouver du plaisir sexuel en l’absence de drogues.

Sous leur emprise, ils peuvent connaître de dangereux black outs, les conduisant à subir des rapports non consentis, avec des actes de violence entraînant des blessures. Et aussi oublier toutes mesures de protection contre les infections sexuellement transmissibles, telles que le préservatif ou le traitement prophylactique pré-exposition (PrEP) contre le VIH. C’est d’ailleurs en constatant la recrudescence des contaminations que les médecins ont commencé à s’alarmer.

Les principaux concernés sont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). En France, ils seraient 20 % (soit de 100 000 à 200 000 personnes) à pratiquer le chemsex. Mais les milieux hétérosexuels libertins et les jeunes ne sont pas épargnés. « Il semble y avoir des signes de diffusion dans d’autres sous-populations, dont le nombre exact est encore mal évalué », confirme le Pr. Amine Benyamina, auteur d’un récent rapport sur le chemsex pour le Ministre de la santé.

  • Source : Rapport Chemsex, mars 2022

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