Le coeur des femmes aussi, est fragile
19 mars 2007
Les femmes sont largement informées des risques de cancer du sein ou de l’utérus. En revanche, elles ne pensent pas assez à leur coeur, ce muscle qui bat dans leur poitrine et apporte la vie à tout notre organisme.
« Les maladies cardio-vasculaires restent la première cause de mortalité chez les femmes, bien devant les cancers » affirme le Pr Pierre Boutouyrie, cardiologue (Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris). « Les femmes sont généralement considérées comme protégées par les estrogènes qu’elles sécrètent, mais le risque cardio-vasculaire s’accélère à la ménopause ».
Le THM apporte les hormones qui ne sont plus sécrétées après la ménopause. « Les estrogènes ont un effet bénéfique reconnu sur la paroi des artères ». Mais « l’accélération du vieillissement à la ménopause a des raisons complexes et multiples. C’est souvent à cette époque que s’installent les facteurs de risque cardio-vasculaires tels que l’hypertension artérielle, l’obésité ou le diabète. A cet âge aussi que les femmes adoptent un mode de vie plus proche de celui des hommes ». A quoi s’ajoute le drame bien actuel de l’augmentation du tabagisme chez les femmes.
Le traitement hormonal de la ménopause, appelé autrefois traitement hormonal substitutif (THS), a été largement décrié dans de grandes études américaines. Aujourd’hui, les spécialistes sont plus circonspects, « il faut donner le bon traitement au bon moment ». C’est-à-dire dès la ménopause. « L’effet bénéfique des estrogènes est réel. Mais sur des artères en bon état, pas sur des artères en mauvais état ». Donner un THM tard, à des femmes plus âgées comme c’était le cas dans les études américaines, peut en effet majorer le risque cardiovasculaire.
Autre effet négatif des estrogènes, leur tendance à augmenter la tension artérielle. Certes faiblement, mais le risque cardio-vasculaire augmente rapidement : « 5 mmHg de pression artérielle en plus augmente le risque de 50 %.
A l’échelle d’une population, c’est considérable ! », explique le Pr. Boutouyrie.
D’où l’intérêt de bien choisir les composants du traitement hormonal. Un nouveau progestatif très proche de la progestérone naturelle « s’oppose à la rétention d’eau et de sels par l’organisme ». Ce qui diminue les sensations pénibles de gonflement – ce qui est bien – mais surtout et d’un point de vue médical c’est capital, « ce qui fait baisser la tension artérielle de 2 à 4 mmHg ». Les études ont été si concluantes sur ce point que les autorités de santé ont reconnu à ce THM – il s’appelle Angeliq… – la capacité de réduire la tension artérielle. Ce qui n’en fait pas pour autant un médicament de l’hypertension. Et « c’est très intéressant pour les femmes dont la tension est un peu élevée », précise notre spécialiste. Le coeur, ce n’est vraiment pas un muscle comme les autres. Il faut le ménager…