Le Conseil d’Etat retarde l’ouverture des salles de shoot
10 octobre 2013
La première salle de shoot se situerait près de la gare du nord à Paris. © Phovoir
Ouvriront, n’ouvriront pas ? Les salles de shoot continuent d’alimenter les débats. En septembre dernier, le gouvernement avait confirmé sa volonté d’accompagner l’expérimentation de ce dispositif destiné à réduire les risques auxquels s’exposent les toxicomanes (comme la transmission du VIH-SIDA). Une salle « test » devait d’ailleurs ouvrir ses portes en novembre dans le Xe arrondissement de Paris. Cette ouverture serait-elle remise en question ? Dans un avis rendu public le 8 octobre, le Conseil d’Etat recommande au gouvernement « d’inscrire dans la loi le principe de ce dispositif pour plus de garantie juridique ». Explications.
Les salles de shoot se définissent comme des « espaces supervisés par des professionnels permettant d’assurer un cadre sécurisé aux usagers de drogues injectables dans des conditions d’hygiène évitant les risques infectieux. » Devant ce constat, le gouvernement a souhaité apporter son soutien au projet d’expérimentation d’une salle à Paris. Un décret a donc été préparé et soumis pour avis au Conseil d’Etat.
Résultat, et après examen du projet le 8 octobre, le Conseil recommande « d’inscrire dans la loi le principe de ce dispositif pour plus de garantie juridique. Le gouvernement va travailler avec les acteurs concernés par ce projet à la sécurisation juridique de ce dispositif. » En clair, l’une des questions serait de savoir si ces salles ne viennent pas contrarier la loi du 31 décembre 1970 interdisant l’usage illicite de toute substance classée comme stupéfiant.
Un débat sans fin ?
Rappelons qu’en février dernier, le Conseil national de l’Ordre des Médecins (CNOM) ainsi que l’Académie nationale de médecine expliquaient que « les toxicomanes sont des patients qu’il convient de prendre en charge ». En conséquence, la création de ces structures ne leur paraissait pas susceptible de répondre à cette problématique.
De son côté, l’ONG Médecins du Monde estime que « l’ouverture de salles de consommation à moindre risque est nécessaire face à deux problèmes majeurs auxquels les dispositifs existants ne répondent pas. A savoir, un enjeu de santé publique : l’hépatite C touche près de 60% des usagers de drogues par voie intraveineuse et l’épidémie est loin d’être maîtrisée. Un enjeu de sécurité : les usagers les plus précaires consomment dans les lieux publics, s’exposant eux-mêmes ainsi que les riverains aux risques liés à ces pratiques. »
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet