Le grand chassé-croisé des épidémies…

20 mai 2003

Affluence record à Genève, pour l’ouverture par Gro Harlem Brundtland de la 56ème assemblée mondiale de la Santé. La dernière qu’elle anime en tant que Directeur général, alors qu’en 5 ans l’Organisation a été traversée de courants vigoureux… et contradictoires.

Les courants provoqués par les vents de la réforme d’abord, diversement accueillis par les équipes de l’OMS comme par ses Etats Membres. Ceux liés au débat politique, en raison des priorités nouvelles imposées dans la gestion de l’OMS, et du style de management – plus directif que participatif – qui a prévalu depuis 5 ans. Certes les résultats sont là. L’OMS aujourd’hui, parle d’une voix non seulement plus assurée mais également mieux écoutée… Quant à la santé, elle est reconnue comme une priorité de développement social à part entière.

Gro Harlem Brundtland le sait bien, et dans son discours d’ouverture elle ne s’est pas fait faute de le rappeler. Les enjeux demeurent, ils sont vitaux, et si beaucoup de travail a été accompli l’utilité de l’OMS sera évaluée, très vite, à la qualité des réponses qu’elle apportera aux enjeux qui demeurent. « Nous sommes réunis alors que nous nous battons pour vaincre le SRAS, la première nouvelle épidémie du 21ème siècle. La dernière affection majeure du 20ème siècle, le VIH/SIDA, est encore très présente et continue de dévaster les vies et les pays. Et dans quelques jours nous allons faire un pas de géant pour inverser ce qui pourrait devenir le principal tueur de nos petits-enfants, le tabagisme. »

Tout est dit. Dès ce mardi, les Etats Membres auront dû se prononcer sur la Convention cadre contre la tabac. L’identité de ceux qui refuseront de s’engager résolument sera connue, et les intentions qui sous-tendent réellement les discours politiques apparaîtront en pleine clarté. Alors que toutes les énergies – ou presque – se tendent pour lutter contre le SRAS, le Dr Brundtland a rappelé que « la solidarité internationale pour la santé », qui a prévalu il y a 55 ans pour les pères fondateurs de l’OMS, est toujours exigeante. « Elle implique le partage en toute transparence de l’information, des expertises et des ressources. » Une exigence qui est aujourd’hui loin de la réalité, alors qu’au nom d’une certaine conception de la souveraineté des pays – et non des moindres – refusent encore de communiquer leur statut par rapport au SRAS.

  • Source : de notre envoyé spécial à Genève, 19 mai 2003

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