Le nom des maux
13 mai 2015
Le nom du MERS-CoV fait référence au Moyen-Orient, la zone géographique où cette pathologie a été découverte. ©Maureen Metcalfe/Azaibi Tamin
MERS-CoV, grippe porcine… De nouvelles maladies infectieuses émergent régulièrement. Et à chacune il faut donner un nom. Pour les identifier, les évoquer et y faire référence. Mais bien souvent, ces pathologies sont baptisées trop vite, par des non-scientifiques. Résultat, elles portent le nom d’une région ou d’une espèce animale, stigmatisant une population ou entraînant des abattages massifs et injustifiés de bétail. L’OMS appelle à la prudence dans ce domaine.
« L’utilisation des termes de grippe porcine ou de coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) entraîne des impacts négatifs non-intentionnels », explique Dr Keiji Fukuda, directeurs général assistant pour la sécurité et la santé à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ainsi, « certaines communautés ou secteurs économiques s’en trouvent stigmatisés. » Voilà pourquoi il n’est pas accessoire d’évoquer ce sujet sémantique. « Le nom que l’on donne au maladies affecte directement les populations. » Parfois les répercussions sont sévères, « érigeant des barrières empêchant le commerce et les déplacements de populations », poursuit-il.
Plusieurs exemples de ce qu’il ne faut pas faire. « Il est déconseillé d’utiliser des noms de localisation géographique comme la grippe espagnole ou la fièvre de la Vallée du Rift », indique-t-il. « Mais aussi des noms de personnes comme dans la maladie de Chagas ou de noms d’espèces d’animaux, de populations, d’industries ou de métiers. »
Par ailleurs, il est d’autant plus important de bien choisir le nom d’une nouvelle maladie dès son apparition qu’il est très difficile de le modifier par la suite. En effet, « une fois que le terme a été posé, il se diffuse sur Internet et les réseaux sociaux », souligne le Dr Fukuda.
Un terme approprié
Comment faut-il procéder ? « Le terme choisi doit être scientifiquement et socialement acceptable », explique le Dr Fukuda. Pour le définir, l’OMS a développé un guide des bonnes pratiques. Dans ce dernier, établi en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé animale et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), il est préconisé de se baser sur les éléments suivants :
- Les symptômes de la pathologie comme un syndrome respiratoire ou neurologique ;
- Les manifestations, la sévérité et la saisonnalité de la maladie, comme une pathologie progressive, juvénile ou encore hivernale ;
- Enfin, si le pathogène à l’origine de la maladie est connu, il peut être utilisé pour la nommer. Ainsi les coronavirus, salmonella…