MERS-CoV, pas de pandémie… pour l’instant
05 juillet 2013
Au 5 juillet, l’OMS fait état de 79 cas dont 43 mortels. ©Health Protection Agency
Le MERS-CoV est-il plus dangereux que le SRAS ? Pour répondre à cette question, des chercheurs de l’Institut Pasteur ont analysé les données de 64 cas identifiés. Ils ont ainsi pu comparer sa contagiosité à celle du SRAS. Résultat, en l’état actuel, ce nouveau coronavirus apparu en 2012 au Moyen-Orient est trop peu transmissible pour déclencher une pandémie.
Lorsqu’un nouveau virus apparaît, l’une des grandes questions est de savoir s’il peut se propager dans la population. Cela revient à calculer le nombre moyen d’individus qu’un malade pourrait infecter, tant qu’il sera contagieux. Ce nombre est appelé le taux de reproduction de base. S’il est inférieur à 1, cela signifie que chaque cas donne naissance en moyenne à moins d’un cas secondaire. « Selon les scénarios, le MERS-CoV a un taux compris entre 0,6 et 0,7. Ce qui est inférieur à celui du SRAS avant sa phase pandémique de 2003 (0,80) » expliquent les chercheurs.
« Même s’ils présentent plusieurs similitudes cliniques et épidémiologiques, les deux virus ont une biologie bien distincte », précise le Pr Arnaud Fontanet principal auteur de l’étude. « Le MERS-CoV ne s’est pas répandu aussi rapidement ou aussi largement que le SRAS. »
Alors le MERS-CoV, moins dangereux que le SRAS ?
« Pas si sûr », pour le Pr Fontanet. « Les intervalles de confiance autour des deux estimations se recoupent largement. Ces virus peuvent évoluer très différemment. Ils n’utilisent pas les mêmes récepteurs pour se fixer aux cellules humaines. Actuellement, ce virus est peu transmissible. Mais il pourrait le devenir à la faveur de mutations. Il est donc urgent d’identifier son réservoir animal pour bloquer la diffusion à sa source. »
Au 5 juillet, le bilan établit par l’OMS faisait état de 79 cas, dont 43 mortels.
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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Source : The Lancet, 4 juillet 2013 – Interview du Pr Arnaud Fontanet, chef de l’unité Epidémiologie des Maladies Emergentes, Institut Pasteur, 4 juillet 2013