Le projet de maternité face au cancer

10 décembre 2010

« Toutes les femmes atteintes d’un cancer devraient pouvoir préserver leur projet de maternité, si elles le souhaitent. Il fait partie intégrante de la guérison », estime le Pr Serge Uzan, chef du service de gynécologie-obstétrique et médecine de la reproduction à l’hôpital Tenon de Paris.

De plus en plus de patientes – pas encore mères – subissent en effet des traitements qui mettent leur fertilité en péril. Lorsque leur maladie le permet, de nombreux oncologues proposent des techniques de Procréation médicalement assistée (PMA), bien adaptées à leur cas.

Trois méthodes principales sont disponibles:

– Certains traitements administrés en prévision d’une chimiothérapie ou d’une radiothérapie, permettent de protéger les ovaires pendant les séances. « Cette solution reste une piste de recherche mais nous avons été déçus des résultats », indique le Pr Uzan ;

– Autre option : le prélèvement d’un ovocyte, tout de suite fécondé par les spermatozoïdes du père. L’embryon obtenu peut alors être congelé, avec de réelles chances de réussite ;

– Enfin, si la patiente n’a pas encore trouvé de père pour son futur enfant ou n’a pas encore de désir de grossesse, il est possible de prélever des ovocytes. Ces derniers sont ensuite congelés sans avoir été fécondés. La cryogénisation peut être ‘lente’ ou ‘brutale’. Cette dernière, autrement appelée ‘vitrification’, n’est pas autorisée en France. Pourtant, « cette technique offre les résultats les plus encourageants si l’on en juge par les données fournies par les pays qui l’autorisent », indique le Pr Uzan.

Pour la première fois en France, des enfants sont nés grâce la méthode de congélation ‘lente’ dans le service du Pr René Frydman, à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart (Hauts de Seine). Une réussite très médiatisée qui a relancé le débat sur l’autorisation éventuelle de la ‘vitrification’, à l’heure où les lois de bioéthiques sont en pleine révision.

Conserver un projet de vie

Le succès du Pr René Frydman prouve en effet, que la congélation ‘lente’ des ovocytes offre de réelles chances de mener une grossesse à son terme. Dans le but d’offrir cette possibilité à toutes les femmes concernées, l’hôpital Tenon et « 15% à 20% des services d’oncologie en France proposent aujourd’hui une consultation avec un endocrinologue dès le diagnostic d’un cancer. Entre 2 000 et 4 000 femmes par an traitées pour une tumeur mammaire, devraient pouvoir bénéficier d’une prise en charge en vue d’une PMA », précise le Pr Uzan.

Pour autant, le chemin reste long à parcourir. Serge Uzan appelle ainsi à placer les prochaines Rencontres de la Cancérologie française sous ce thème essentiel.

  • Source : Interview du Pr Serge Uzan, chef du service gynécologie-obstétrique et médecine de la reproduction de l’hôpital Tenon (Paris), 29 novembre 2010

Aller à la barre d’outils