Le traitement du diabète à la veille d’une révolution ?

10 octobre 2005

Plus de 12 000 spécialistes viennent de se réunir à Athènes pour le 41ème congrès de l’Association européenne pour l’étude du diabète (EASD). Cette affluence sans précédent se justifie amplement.

Pour la première fois depuis 1921, la diabétologie est au bord de découvertes qui changeront le cours de la maladie… et la vie des malades. En 1921 Fred Banting et Charles Best, au Canada, définissent le rôle de l’insuline. La même année, ils sauvent grâce à cette dernière des malades atteints du diabète. Une révolution qui va épargner bien des vies et… qui perdure. Même si bien d’autres traitements ont depuis lors été mis au point, au fur et à mesure que progressait la compréhension de la maladie.

Si elle était connue depuis l’antiquité égyptienne, les vrais progrès en effet ont dû attendre le 20ème siècle. Par exemple l’individualisation de deux diabètes. Chez le sujet jeune dont la maladie est due à un déficit en insuline, on a d’abord parlé de diabète insulinodépendant ; chez le patient plus âgé, souvent pléthorique, il s’est agi de diabète gras ou de la maturité, caractérisé par un excès chronique de sucre dans le sang. Aujourd’hui, ces deux entités sont reconnues respectivement comme le diabète de type I et de type II.

Les traitements proposés ont été développés à partir de ces hypothèses. Contre le diabète de type I, l’insuline sous des formes de plus en plus nombreuses : insuline porcine, puis recombinante; insuline retard ; insuline administrée par des pompes portatives, puis implantables ; enfin depuis 2001, par ce qui ressemble bien à un pancréas artificiel. Trait commun à tous ces traitements: la forme injectable, seule voie d’administration possible… Jusqu’à cette année, qui pourrait marquer l’avènement d’une forme inhalée de ce médicament miracle. Nous y reviendrons mais… avant de quitter le domaine de l’insuline, mentionnons l’espoir suscité par les greffes de pancréas, et le progrès des greffes de cellules de pancréas. Des traitements malheureusement difficiles à mettre en oeuvre sur une grande échelle.

Parmi beaucoup de traitements, aucun n’est idéal…
Quant au diabète de type II -de loin le plus fréquent avec 90% des cas et surtout celui qui connaît actuellement le plus grand développement- les médecins ne sont pas sans solutions. Découverts en 1945 par les Français Janbon et Loubatière, les sulfamides hypoglycémiants augmentent la production d’insuline par le pancréas. En 1957 sont introduits les biguanides, qui augmentent la réaction à l’insuline présente dans le sang. Enfin les inhibiteurs des alphaglucosidases, agissant au niveau de l’intestin, freinent le passage du sucre des aliments dans le sang.

Pourtant, aucun de ces traitements n’est parfait. L’insuline reste contraignante, et son administration complexe à ajuster. Quant aux antidiabétiques oraux, aucun ne règle le problème de fond du diabétique de type II. Leurs doses sont difficilement adaptées à la baisse du taux de sucre dans le sang. Et au fil des ans, les patients “échappent au traitement” comme l’on dit : ils prennent du poids – 5, 6, 10, 15 kilos voire davantage. Avec des risques de complications graves.

En Grèce, les couloirs bruissaient de découvertes. D’une part, on nous promettait enfin des insulines qu’il ne serait plus nécessaire d’injecter. Et d’autre part, une voie radicalement nouvelle s’ouvre dans le traitement du diabète de type II, celle de la stimulation des incrétines, des hormones originaires de l’appareil gastro-intestinal. Que valent ces annonces ? Nous promettent-elles de vrais changements et un futur réellement différent pour les diabétiques ? L’espoir en tous cas, est à la mesure des enjeux vitaux liés à une maladie responsable selon l’OMS, d’un décès sur 20 dans le monde… A suivre dès lundi prochain.

  • Source : de notre envoyé spécial au 41ème congrès de l'EASD, Athènes, Septembre 2005

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