Le Viagra bon pour le cœur ?

L’information a fait le tour du monde comme un dard ! Selon une étude canadienne rendue publique par le site de l’American Academy of Sciences le sildenafil – c’est le nom du principe actif du Viagra, n.d.l.r. – aurait un effet bénéfique sur le cœur de souris atteintes de myopathie. D’où la conclusion qui « s’imposait », à savoir que le Viagra serait bon pour le cœur… Une information à laquelle il est pour le moins nécessaire d’apporter quelques nuances.

Que le Viagra ait un effet sur la circulation, c’est une évidence. C’est vrai aussi de tous les produits du genre, comme le Levitra ou le Cialis puisque c’est la base même de leur efficacité contre la dysfonction érectile… Une efficacité qui a fort opportunément « racheté » – dans tous les sens du terme – l’échec du sildenafil dans son développement initial pour le traitement de… l’angine de poitrine. C’est dire que le tropisme circulatoire du sildenafil n’est pas une « nouvelle » !

A la fin de l’année 2000 déjà, des travaux avaient montré son intérêt dans la prise en charge de l’hypertension artérielle pulmonaire aiguë. Maladie rare et gravissime dont le traitement (radical) se résume généralement à une greffe cœur-poumon. Chez un malade de 21 ans, le recours à ce médicament avait permis au bout de 3 mois de traitement, de lui rendre assez de vigueur (musculaire) pour qu’il fasse une heure d’aerobic.

Beaucoup plus récemment – en 2006 – des chercheurs britanniques ont suggéré que l’utilisation du Viagra pourrait soulager certains symptômes de la Maladie de Crohn. Là encore, ce travail mené chez la souris doit être considéré avec circonspection. Ce n’est pas demain (ni peut-être jamais…) que les 80 000 malades atteints de la maladie en France, pourront en bénéficier.

En attendant la suite de ces travaux très intéressants, la prudence est de mise. L’effet de ces médicaments sur la circulation n’est pas toujours un avantage. Les patients qui ont des antécédents cardiovasculaires et ceux traités pour une hypertension artérielle notamment, ne peuvent y recourir sans risque. Les accidents ne sont pas rares, et sont quelquefois mortels. Alors jamais sans avis médical et surtout, sans faire de cachotteries à son médecin quant à son état de santé…

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  Source : American Academy of Sciences, 12 mai 2008