Le vitiligo, une maladie de la peau peu connue
25 juin 2015
En moyenne, 6 à 24 mois de traitements sont nécessaires pour pigmenter la peau chez un patient atteint d’un vitiligo. ©Thierry Passeron
Le vitiligo concerne entre 900 000 et 1,2 million de Français. Contrairement aux idées reçues, cette dépigmentation de la peau n’est pas une maladie d’origine psychologique… mais auto-immune. Les précisons du Pr Thierry Passeron, dermatologue au CHU de Nice et chercheur INSERM (Unité INSERM U1065 équipe 12 C3M), à l’occasion de la Journée mondiale du vitiligo organisée ce jeudi 25 juin.
Maladie non contagieuse et indolore, le vitiligo est caractérisé par des taches blanches cutanées. Cette dépigmentation est liée à l’inactivité ou la destruction des mélanocytes, les cellules à l’origine de la production de mélanine (le pigment principal de la peau).
Des idées reçues
Le stress comme facteur de risque ? « L’anxiété, la fragilité psychologique ou psychosomatique est une conséquence et non une cause de la maladie », explique le Pr Thierry Passeron. Le vitiligo peut en effet constituer une réelle gêne au quotidien, raison pour laquelle un suivi psychologique est parfois mis en place. « Ses bénéfices ne font aucun doute chez les patients qui ont du mal à assumer leur maladie en société, mais la prise en charge du stress n’améliore en rien les traitements contre le vitiligo. »
Une prédisposition génétique ? Il n’existe pas à proprement parler un « gène du vitiligo ». Reste que le risque de transmission héréditaire n’est pas nul. « Le risque de développer un vitiligo est 10 fois plus important chez les personnes ayant un membre de leur famille atteint. Du fait de la ressemblance génétique, les jumeaux ont 24% de risque de développer un vitiligo si l’un des deux en est atteint. »
Soigner un vitiligo ?
Dans sa forme généralisée, la dépigmentation est dite bilatérale. En revanche, le vitiligo segmentaire est localisé sur la partie droite ou gauche du corps, parfois du visage. « Dans ces deux cas, il n’existe aucun moyen de prévenir l’évolution de la maladie. Mais de récents progrès ont été réalisés dans la mise au point de traitements » :
- La greffe de peau. « Efficace à 80%, cette technique est le traitement de référence pour les patients atteints d’un vitiligo localisé et/ou lorsque la maladie est stable depuis au moins 3 ans. » Le geste consiste à prélever un lambeau de peau pour récupérer les cellules cutanées et les répartir sur la zone blanchie. Des rayons UVB sont ensuite pratiqués pour stimuler la pigmentation ;
- Les rayons UVB. « Sans les rayons UV, artificiels ou naturels, la pigmentation est impossible. Contrairement aux idées reçues, l’exposition au soleil – modérée et associée à une protection solaire – est bénéfique pour les patients atteints d’un vitiligo. » Chez le dermatologue, des séances de rayons UVB (couverte par la sécurité sociale) « sont préconisées pour stimuler l’activité des mélanocytes » ;
- Les dermocorticoïdes. Grâce à leur pouvoir anti-inflammatoire, ces molécules diminuent l’épaississement des plaques blanches.
Traitement plus récent, la pommade tacrolimus à 0,1% est aussi efficace que les corticoïdes pour stimuler la pigmentation. Seul point négatif, « ce traitement local ne dispose pas d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) et n’est donc pas remboursé par l’Assurance-maladie », regrette le Pr Passeron. Enfin, d’autres traitements sont actuellement à l’étude. « Aux Etats-Unis des chercheurs étudient actuellement la mise au point de traitements monoclonaux. Des équipes françaises et de Singapour travaillent sur l’utilisation de molécules anticholestérol. » L’objectif thérapeutique étant d’agir le plus précocement pour freiner la progression du vitiligo.
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Source : Interview du Pr Thierry Passeron, dermatologue au CHU de Nice et chercheur INSERM (Unité INSERM U1065 équipe 12 C3M, le 23 juin 2015
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet