Le zona, réveil douloureux d’un virus endormi
03 juillet 2015
Le virus du zona peut provoquer d’intenses douleurs. ©Phovoir
Il se réactive lorsque l’on ne l’attend pas… Le zona est causé par la réactivation du virus de la varicelle, qui est resté latent dans l’organisme durant de longues années. Ce virus se réactive le plus souvent à la faveur d’une baisse naturelle des défenses immunitaires liée à l’âge.
La fréquence de cette maladie augmente à mesure que l’on vieillit, au même titre d’ailleurs que l’apparition de sa principale complication, des douleurs chroniques neurologiques dites post-zostériennes qui concernent 10% à 15% des patients. Tout part d’une varicelle, contractée le plus souvent au cours de l’enfance. Après la guérison, le virus ne disparaît pas complètement. Et puis un jour, il resurgit ! C’est le zona, une maladie qui toucherait 300 000 Français chaque année. « Principalement des personnes âgées », explique le Dr Xavier Cnockaert, chef du pôle de gérontologie au Centre hospitalier de Beauvais (Oise). « A partir de 65 ans, le risque de développer un zona fait plus que doubler.
« Une fois réactivé, le virus se multiplie dans le ganglion sensitif rachidien, chemine le long du neurone sensitif jusqu’à la peau et produit une lésion vésiculeuse ou bulleuse ». Le thorax est le plus souvent le siège de cette éruption. La région lombaire peut aussi être concernée tout comme le visage.
« La zone où se situe l’éruption est douloureuse dans 75% des cas », poursuit le médecin. Et pour cause, « la multiplication virale lèse la gaine de myéline (la membrane qui entoure et protège les fibres nerveuses, n.d.l.r.) et entraîne des douleurs aigües et chroniques. Les patients peuvent aussi ressentir des sensations de brûlures, une extrême sensibilité au toucher quelques jours avant l’éruption de vésicules. »
Des douleurs qui peuvent devenir insupportables
Voilà pour la phase aigüe qui peut durer 3 à 4 semaines… Elle peut être suivie par une autre phase, à la fois douloureuse et potentiellement longue. Les médecins parlent alors de douleurs post-zostériennes ou neuropathiques, complications les plus fréquentes du zona.
« La peau ne porte plus aucune trace du zona et la douleur persiste ce qui fait qu’elle est très mal comprise notamment par l’entourage » précise le Dr Patrick Ginies, responsable du Centre d’Évaluation et de Traitement de la Douleur du CHU de Montpellier (Hérault). « Le patient évoque des sensations de brûlure de fond et de décharge électrique. Ces douleurs peuvent avoir un impact sur la qualité de vie. Au point d’entraîner un repli sur soi, une perte de vie sociale et de précipiter dans les cas les plus graves, l’entrée dans la dépendance. Et face à ce tableau, nous avons un arsenal thérapeutique limité. Il est très difficile de traiter la douleur post-zostérienne chez des patients âgés ».
Dans ce contexte, « seule la vaccination permettra une diminution du fardeau que représente le zona en gériatrie », reprend le Dr Cnockaert qui cite le Zostavax®, premier vaccin disponible en France depuis le 15 juin, qui contrôle la réactivation d’un virus déjà présent dans l’organisme. Il réduit par deux le risque d’avoir un zona et s’il survient malgré le vaccin, il diminue aussi les douleurs dans plus de 66% des cas ! De quoi mieux gérer une maladie fréquente, douloureuse et « malheureusement sous-diagnostiquée ou banalisée », conclut-il. A la moindre question sur cette maladie, n’attendez pas, interrogez votre médecin traitant.
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Source : Interview du Dr Xavier Cnockaert, 1er juin 2015 - Interview du Dr Patrick Ginies, mai 2015 - Communiqué de Presse SPMSD en date du 15 juin 2015
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet