Lecture et dyslexie : les yeux font des pauses

18 mai 2021

Les yeux des personnes dyslexiques ne voient pas les lettres d’un texte comme les autres lecteurs. Ce qui entraîne une lenteur dans le déchiffrement. Selon une équipe québécoise, des pauses pour assimiler l’information seraient en cause.

La dyslexie se manifeste notamment par des difficultés à lire. Les causes de ce phénomène n’ont pas encore été totalement identifiées. Mais plusieurs études ont déjà lié le fonctionnement des yeux des personnes dyslexiques à leurs difficultés avec la lecture. Ainsi, une étude de 2017 révélait que les dyslexiques ne possédaient pas – comme les non-dyslexiques – d’œil dominant. Ce qui crée des images miroirs et perturbe la lecture. Des chercheurs canadiens viennent de pousser encore plus loin l’analyse du fonctionnement oculaire des personnes dyslexiques.

Pour ce faire, ils ont fait lire des textes identiques de plusieurs phrases à 35 étudiants de premier cycle ayant un diagnostic de dyslexie et à 38 autres formant un groupe témoin. « Nous avons observé des vitesses de lecture très variées, certains étudiants dyslexiques lisant jusqu’à trois fois moins vite que les lecteurs les plus rapides du groupe témoin », indique Léon Franzen, auteur principal de ce travail.

En cause ? « Les différences de vitesse semblaient découler directement des mouvements oculaires », note-t-il. Lesquels étaient bien différents de ceux du groupe contrôle. « Les participants dyslexiques prenaient notamment des pauses plus longues pour assimiler l’information, sans toutefois avoir de mal à replacer le sens des mots dans le contexte de la phrase », poursuit-il. « Ce comportement est fréquemment observé chez les enfants qui apprennent à lire. Les adultes qui lisent à une vitesse normale n’effectuent pas ces pauses ni ces mouvements oculaires. » Ce qui explique – au moins partiellement – la lenteur dans la lecture.

Bientôt des solutions adaptées ? « Maintenant que nous avons pris conscience de ces particularités chez les personnes dyslexiques, nous devons nous demander comment les aider à lire plus efficacement », estiment les auteurs. « Y a-t-il moyen de modifier les textes pour les rendre plus faciles à décoder, par exemple en modifiant la police ou la taille des caractères ? Ce sera la prochaine étape de notre étude », concluent-ils.

  • Source : Concordia University, avril 2021

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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