L’ennui chez l’enfant est bon pour l’imagination
24 janvier 2019
Lassedesignen/shutterstock.com
« Je m’ennuie. » Quel parent n’a jamais entendu son enfant se plaindre ainsi ? Comment réagir ? Faut-il s’inquiéter ? Le Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers, évoque l’importance de savoir affronter un ennui reposant et bénéfique.
S’ennuyer est-il mauvais pour un enfant ? « Pas du tout », assure le Pr Duverger. « Je fais au contraire bien volontiers l’éloge de l’ennui. » Mais de quel ennui s’agit-il alors ? « Il est question d’être capable de ne rien faire, d’être bien avec soi-même sans que cela provoque une sensation d’angoisse », explique-t-il.
En effet, « les périodes d’ennui sont des fenêtres de liberté pour laisser s’exprimer l’imagination, la créativité », précise-t-il. Malheureusement, « beaucoup d’enfants ne savent plus ne rien faire », observe-t-il. « Dans nos consultations, nous leur demandons souvent s’il leur arrive de rêvasser allongés sur leur lit. La réponse est fréquemment négative et c’est dommage. »
Comment aider mon enfant à bien s’ennuyer ?
« Il faut accepter qu’il s’ennuie », note d’abord le pédopsychiatre. « C’est normal de s’ennuyer parfois et ce n’est pas grave. » Pour l’y aider, « ne répondez pas systématiquement à ses complaintes ». Les bénéfices seront importants. « En apprenant ainsi à faire appel à ses propres ressources en cas d’ennui, il sera plus fort intérieurement et émotionnellement », assure Philippe Duverger.
Pour autant, il faut, en parallèle, accorder à votre enfant suffisamment de temps de qualité. Pour cela, « il faut que les parents offre des temps de jeu vivant partagé, il faut jouer 5 fois par jour avec ses enfants, même 2 minutes. C’est au parent de nourrir ces moments et cela produit des souvenirs heureux ».
-
Source : interview du Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers, 11 janvier 2019
-
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche