











© life-literacy/shutterstock.com
Les faux cils apportent du volume et de la longueur aux cils naturels, accentuant ainsi l’expression des yeux. Mais les problèmes oculaires liés à leur pose existent. « La colle des faux-cils peut provoquer des brûlures chimiques au niveau de la surface de l’œil », signale le Dr Alexandre Hage, chirurgien ophtalmologue (Hôpital National des 15-20 à Paris, et à Boulogne-Billancourt). C’est d’ailleurs un motif de consultation aux urgences ophtalmologiques. « Je vois surtout des patientes qui viennent avec des réactions inflammatoires chroniques liées à la pose de faux-cils, constate le spécialiste, souvent de type allergique, entraînant des problèmes de surface de l’œil et de sécheresse oculaire. Dans ce cas, il est conseillé de retirer les faux-cils. Les colles utilisées sont parfois mises sur le marché sans respecter les recommandations européennes en dermatologie/ophtalmologie, et le marquage CE. » La pose de faux-cils dans les salons de beauté n’est pas forcément une garantie contre ces problèmes oculaires, car ces établissements ne respectent pas toujours les critères de sécurité. Par ailleurs, le produit utilisé pour leur dépose peut aussi entraîner des complications au niveau de la surface de l’œil. Consulter un ophtalmologue est alors indispensable.
Les lentilles colorées permettent de changer la teinte de l’iris, de manière subtile ou plus marquée, selon l’effet recherché. Utilisées à des fins esthétiques, elles peuvent entraîner des complications oculaires sérieuses si on ne prend pas quelques précautions. « Ces lentilles colorées peuvent être à l’origine de kératites (une atteinte de la cornée, la couche transparente qui recouvre l’iris et la pupille, ndlr) ou d’abcès de cornée, confirme le Dr Alexandre Hage, nécessitant des traitements urgents pour éviter des séquelles permanentes dont un problème extrême mais possible comme la perte de vision. Ces pathologies infectieuses sont souvent liées à un mauvais usage des lentilles ».
Par exemple, porter trop longtemps ou dormir avec ses lentilles favorise la prolifération microbienne, tout comme ne pas les nettoyer correctement, avec des produits adaptés. Se doucher avec les lentilles expose aussi les yeux à des agents infectieux présents dans l’eau. Ne pas se laver les mains avant de les manipuler augmente le risque de contamination. De plus, acheter des lentilles sur Internet qui ne sont pas adaptées à la personne et ne répondent pas aux critères de sécurité des lentilles vendues par des opticiens, c’est également prendre un risque. Dont le grand public n’a pas forcément conscience.
Dans une publication des Cahiers d’Ophtalmologie, l’ophtalmologue Françoise Le Cherpie Balat alertait sur le port de ces lentilles par plusieurs personnes qui est, à son sens, le mésusage le plus important : « ces lentilles étant vendues en supermarché ou dans des magasins de déguisement, les jeunes (le plus souvent) les portent comme ils portent des vêtements », écrit-elle. « Ils se les prêtent sans forcément les nettoyer et les décontaminer ou en les trempant dans de l’eau, au mieux dans du sérum physiologique. Les conséquences (…) sont dramatiques : conjonctivites pour les plus simples jusqu’à des abcès amibiens ou bactériens. »
Elle ajoute : le port de ce type de lentilles ne doit pas dépasser 12 heures. Tous le constatent : le mésusage de ces lentilles entraîne souvent des complications graves, comme un œdème de cornée, une néovascularisation cornéenne (apparition de petits vaisseaux sanguins dans la cornée, souvent due à un manque d’oxygène), une souffrance de l’endothélium (altération de la couche interne de la cornée, essentielle à sa transparence et à son hydratation), un polymégatisme (variation anormale de la taille des cellules endothéliales, signe de stress ou de fatigue de la cornée), un plésiomorphisme (modification de la forme des cellules endothéliales, témoignant d’une perturbation de leur fonctionnement)… Ces anomalies peuvent entraîner une vision trouble et une sensibilité accrue de l’œil.
Source : Interview du Dr Alexandre Hage, chirurgien ophtalmologue (Hôpital National des 15-20 à Paris, et à Boulogne-Billancourt), le 26/02/25 ; Les Cahiers d'Ophtalmologie 2015;n°195:19-23. Pagination pdf 1/4
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet