Les cheveux, témoins de notre exposition aux produits chimiques

17 novembre 2023

L’élimination rapide par l’organisme de certaines substances chimiques peut parfois rendre difficile l’évaluation de leur dangerosité. Mais selon l’Anses, les cheveux apparaissent comme de bons éléments d’analyse conservant des traces de produits plus longtemps que le sang ou les urines.

Bisphénols, phtalates, pesticides… Autant de substances potentiellement dangereuses pour la santé. Problème, certaines d’entre elles auxquelles nous sommes exposés via notre environnement ou notre alimentation sont éliminées en quelques heures par notre corps. Ce qui peut fausser des résultats d’études relatives à la dangerosité de ces produits.

« Nous avons été confrontés à ce problème au cours d’une expertise sur le bisphénol A (BPA) », explique Claire Beausoleil, toxicologue au sein de la Direction de l’évaluation des risques. En effet, certaines études ne sont pas parvenues à mettre en lien les niveaux de BPA dans les urines avec d’éventuels effets sur la santé.

Analyser les poils et les cheveux

Alors de deux choses l’une : soit les personnes étudiées n’avaient pas été exposées à des doses assez élevées pour être détectées dans l’urine. Soit ces mesures ne reflétaient pas bien l’exposition. Il semble que cette seconde option soit à privilégier.

L’Agence nationale de Sécurité sanitaire (Anses), le Luxembourg Institute of Health (LIH) et l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) sont donc partis en quête d’une méthode d’analyse plus pertinente pour mesurer l’exposition aux substances chimiques. Ainsi ont-ils comparé – sur un modèle animal – la présence de produits chimiques dans des analyses d’urine, de sang et de cheveux.

Résultat, alors que la substance pouvait avoir été éliminée du sang au moment du prélèvement, les poils et les cheveux conservaient plus longtemps la trace du polluant une fois qu’il s’était fixé à la kératine.

Pour les chercheurs, « l’analyse des cheveux témoigne de l’exposition sur une période plus longue et n’est pas soumise aux variations à court terme mesurées habituellement dans le sang ou l’urine. » Cette méthode pourrait donc permettre de retracer l’exposition « interne » à une substance chimique, ce qui est essentiel pour identifier sa toxicité à long terme.

  • Source : Anses

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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