Les cures de vitamines sont-elles vraiment utiles ?

17 mai 2022

A chaque changement de saison, avant un examen ou après une infection virale, nous sommes nombreux à nous lancer dans une petite cure de vitamines. Disponibles en libre accès en pharmacie, ces produits tiennent-ils vraiment leurs promesses ? Faisons le point avec Matthieu Marty, nutritionniste à Toulouse, spécialisé en micronutrition et nutrithérapie.

Elles ont l’apparence de médicaments, sont souvent vendues en pharmacie, sont largement reprises pour leur vertus « anti-coup de mou » dans les publicités… Qu’il s’agisse de pilules, sachets de poudres, comprimés effervescents, quel valent vraiment les cures de vitamines ?

Le nutritionniste Matthieu Marty a un avis bien tranché. Selon lui, « le premier argument de ces cures est… marketing. Le marché des compléments est très important. Il joue sur l’ignorance des consommateurs en promulguant un intérêt très souvent inexistant. On laisse penser au grand public que ces produits apportent de la vitalité ou de l’énergie. Mais ce n’est pas si simple. En fait, l’énergie est apportée par les lipides, les protéines et les glucides. Les micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments) jouent un rôle indispensable dans les différents métabolismes du corps : ils sont un peu les ouvriers d’une usine. Lorsque l’on manque d’ouvriers, cela va impacter différents fonctionnements de l’organisme. »

Que faire en cas de fatigue ?

Selon le nutritionniste, pour remédier à un coup de fatigue, nul besoin de répondre aux appels du marketing. « Il vaut mieux être attentif au contenu de l’assiette. Si une légère vulnérabilité se fait ressentir, il faudra augmenter l’apport en fruits bio crus (kiwi, agrumes), légumes bio (poivrons, persil…) afin de bénéficier au maximum des vitamines antioxydantes (telle que la vitamines A, C et E). Un bon indicateur pour être certain d’obtenir les bons apports est d’observer l’éclectisme des couleurs dans l’assiette. En effet, chaque couleur d’aliments peut être associée à un certain type d’apports de vitamines et de minéraux : donc plus il y a de couleurs dans l’assiette, plus cela est riche en micronutriments. N’oublions pas aussi, que les aliments et leurs micronutriments seront toujours mieux absorbés que les compléments alimentaires. »

Un risque sur-vitaminé

Selon Matthieu Marty, si l’intérêt des compléments est plutôt limité pour qui a une alimentation équilibrée, il peut exposer à une hypervitaminose, c’est-à-dire un excès de vitamines. « Ce qui est contre-productif », avertit le nutritionniste. « Il existe en effet un principe physiologique nommé « hormèse ». Il implique qu’une augmentation d’une substance biologique bénéfique (tel que les micronutriments), devient alors négative lorsqu’elle dépasse un certain seuil. Par exemple, le fer présente un intérêt indispensable. Mais consommé en excès, il aura un effet pro-oxydant, il va en quelque sorte rouiller les cellules. Ce principe de l’hormèse est donc à respecter, en ne consommant pas de compléments alimentaires sans avis médical, en suivant juste les publicités ».

Les cures de vitamines ne seraient donc valables pour personne ?

A cette question, le nutritionniste se veut moins catégorique. En fait, un supplément vitaminique peut être bénéfique pour une personne souffrant d’une carence avérée. Une carence en vitamine C liée à un scorbut par exemple. Mais cela est extrêmement rare. « Il est impossible pour une personne lambda de diagnostiquer une réelle carence », poursuit Matthieu Marty. « Si des infections à répétition, une fatigue importante ou des troubles cutanés ou de la cicatrisation se produisent régulièrement, une consultation chez un diététicien spécialisé en micronutrition ou un médecin nutritionniste permettra d’évaluer le statut vitaminique. Mais en dehors de cela, vous l’aurez compris, si vous êtes en bonne santé, il est bien plus important et bénéfique de diversifier et d’améliorer votre alimentation. »

A noter : Attention néanmoins. La supplémentation vitaminique est parfois nécessaire, comme le complément en vitamine B9 – ou acide folique – au cours de la grossesse par exemple.

  • Source : Interview de Matthieu Marty

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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