Les femmes plus fragiles face à la pollution de l’air
27 septembre 2022
L’impact de la pollution atmosphérique sur notre santé pourrait bien ne pas être le même en fonction du sexe. Une étude canadienne révèle ainsi que l’exposition aux gaz d’échappement diesels provoquerait des altérations dans le sang, plus importantes chez les femmes que chez les hommes. Signe que le danger est plus grand pour elles.
Il est désormais acquis que la pollution de l’air a des effets délétères sur notre santé. En particulier au niveau respiratoire. Mais les scientifiques cherchent encore comprendre les mécanismes d’action sur notre organisme. C’est ce qu’a fait le Dr Hemshekhar Mahadevappa, de la University of Manitoba à Winnipeg au Canada en se penchant en particulier sur les possibles différences selon le sexe. Pourquoi a-t-il emprunté cette piste de réflexion ? « Nous savions déjà qu’il existait des différences selon le sexe en matière de maladies respiratoires telles que l’asthme », rappelle-t-il. Alors ils ont décidé d’enquêter sur de potentielles différences face aux particules fines, en analysant le plasma sanguin, un liquide chargé de transporter diverses cellules et protéines à travers le corps.
Son équipe a pour cela réuni 10 volontaires, dont la moitié était des femmes. Tous étaient en bonne santé et non-fumeurs. Chacun a passé 4 heures à respirer de l’air filtré, puis de l’air contenant 3 taux différents de gaz d’échappement : 20, 50 ou 150 microgrammes de particules fines PM2,5 par mètre cube. Ils bénéficiaient de 4 semaines de pause entre chaque exposition.
Des protéines impliquées dans l’inflammation
Les volontaires ont ensuite fourni des échantillons de sang 24 heures après chaque exposition. L’analyse approfondie du plasma sanguin de chacun a permis de constater des changements de niveaux pour diverses protéines chez tous les participants après exposition aux particules fines. Mais ces altérations se sont révélées plus marquées chez les femmes.
Parmi les protéines concernées, certaines sont connues pour jouer un rôle dans l’inflammation, la formation de caillots sanguins, les maladies cardiovasculaires et le système immunitaire. Ce qui pourrait indiquer que la pollution de l’air serait encore plus dangereuse pour les femmes que pour les hommes.
« Nous avons besoin d’en savoir encore davantage sur les réponses respectives des organismes féminin et masculin face à ces particules de pollution », soulignent les auteurs. « Cela nous permettrait d’adapter la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies respiratoires. » Une preuve de plus que la recherche scientifique doit absolument accorder enfin autant d’attention aux femmes qu’aux hommes.
*en collaboration avec deux autres groupes de recherche de la University of Manitoba et de la University of British Columbia à Vancouver, Canada