Les nouveaux traitements de pointe contre le cancer

14 novembre 2014

Nanomédicaments, traitement focal, radiologie interventionnelle… De nouvelles techniques médicales permettent de traiter plus efficacement de nombreux cancers. Ces avancées majeures viennent s’ajouter à la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, longtemps les seuls traitements disponibles en cancérologie. L’Académie nationale de médecine a récemment consacré une séance à ces progrès scientifiques. Tour d’horizon.

  • Les nanomédicaments. Ce sont les plus médiatisés de ces nouvelles techniques, avec les recherches menées dans ce domaine par la multinationale Google. « Ces capsules de taille nanométrique (milliardième de mètre)- soit 70 fois plus petite qu’un globule rouge – sont capables d’amener une molécule active à l’endroit précis où elle sera utile, en épargnant les autres parties du corps », indique le Pr Patrick Couvreur, un biopharmacien pionnier dans la mise au point de ces minuscules comprimés. « Cela permet d’éviter les effets secondaires (souvent importants) liésà la chimiothérapie classique, mais aussi de court-circuiter les phénomènes de résistance », poursuit-il.Une dizaine de ces très petits traitements sont d’ores et déjà sur le marché. La plupart en cancérologie. En outre, une étude clinique de phase 3 est en cours dans 40 hôpitaux européens et américains pour évaluer l’effet de la doxorubicine encapsulée dans un nanomédicament sur les cancers du foie résistant à la chimiothérapie. Selon des résultats préliminaires, la survie des malades à 18 mois serait multipliée par deux.
  • La radiologie interventionnelle. « Prendre le chemin le plus court vers la tumeur ». C’est ainsi que le Pr Afshin Gangi, chirurgien à Strasbourg, définit cette pratique. Elle permet en effet de détruire le plus possible les cellules cancéreuses, sans forcément utiliser la chirurgie classique. En lieu et place de cette dernière, les oncologues peuvent désormais avoir recours à des techniques d’ablation thermique, grâce  notamment à la radio-fréquence, le laser, les micro-ondes, la cryothérapie ou les ultrasons focalisés. Ces nouvelles techniques sont surtout utilisées pour intervenir sur le rein, le foie et la prostate. Mais elles pourraient concerner à l’avenir d’autres organes abdominaux ainsi que le sein.
  • Le traitement focal. Il s’agit de cibler au millimètre près la tumeur avec des ultrasons. Dans le cas de la prostate notamment, le traitement focal s’avère très intéressant. Pour le Dr Albert Gelet, urologue au CHU de Lyon, « c’est une bonne alternative pour les cancers moyennement agressifs ». En effet, avec le traitement focal, « on réduit la toxicité sur le plan urinaire et sexuel ». Bien sûr, il n’existe actuellement que des résultats à court terme, mais une étude française débutera en 2015 pour évaluer plus spécialement les traitements du cancer de la prostate par ultrasons focalisés. L’autre intérêt de ces techniques réside dans le fait qu’elles n’excluent pas par la suite, le recours aux traitements classiques – chirurgie et irradiation – si le cancer devenait subitement plus agressif. Près de 20% des cancers de la prostate pourraient à l’avenir être concernés par ces traitements.
  • Les chipeurs en chirurgie digestive. Pour améliorer sensiblement la survie de certains patients atteints d’un cancer de l’estomac ou du colon, la chirurgie peut être combinée à une chimiothérapie liquide dans la cavité abdominale à une température de 42-43°C. « Cette chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale (CHIP) est utilisée depuis plusieurs années en France sur des malades présentant des métastases au niveau du péritoine », précise le Dr Olivier Glehen, l’un des spécialistes de cette technique à l’hôpital Lyon-sud. Le taux de survie à 5 ans est alors de 16 %, contre 0 % pour ceux n’ayant pas bénéficié d’une CHIP.
  • Source : Académie nationale de médecine, 12 novembre 2014

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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