Les patients ont-ils le droit d’être informés ? Et si oui, comment ?

29 septembre 2008

Le projet de directive européenne autorisant l’information directe par les industriels du médicaments, des malades souffrant de certaines affections chroniques, devrait être soumis avant la fin octobre au Parlement européen. Et naturellement plus l’échéance approche, et plus les parties concernées s’expriment.

Toutes ? Enfin presque… La semaine dernière à Cannes dans le cadre des Universités d’été de la CSMF, cinq représentants des Big Pharma ont expliqué à un public médical attentif pourquoi il leur semble indispensable que les autorités leur ouvrent l’accès à l’expression publique.

Ils sont choqués par exemple, que l’on puisse leur « dénier la compétence à transmettre l’information au patient, alors que le professionnel de santé reste toujours le dernier arbitre de cette communication » (Gérard Bouquet, Pfizer). Ils dénoncent également (Jean-Yves Lecoq, GSK) « la véritable contrefaçon d’information à laquelle est exposé le public lorsqu’il tape un nom de marque sur internet. Il est indispensable de faciliter l’accès à une information fiable pour les patients. » Même approche pour Christian Lajoux, président de sanofi aventis France et des Entreprises du Médicament (Leem), pour qui « l’hétérogénéité de l’information (disponible) sur internet est préoccupante. »

Sans doute a-t-il raison d’affirmer par ailleurs, que « même les choses les plus compliquées doivent pouvoir être expliquées au public. » Ce dernier d’ailleurs, est demandeur. Un sondage (Destination Santé/BVA) réalisé durant l’été 2005 démontrait déjà, que plus de 80% de nos compatriotes sont favorables à ce que l’industrie pharmaceutique puisse diffuser des informations de qualité, directement au public.

Déficit de dialogue avec les patients

Plusieurs réunions « d’information » sur ce thème vont être organisées ces jours-ci en France. Ce n’est évidemment pas le fait du hasard. Il est cependant regrettable que dans la plupart des cas les patients n’y soient pas entendus. Ils se sont exprimés certes, avec l’envoi en juin dernier d’une lettre ouverte cosignée par 18 organisations « représentatives de la société civile ». Dont plusieurs organisations de consommateurs. Mais cette « foire d’empoigne » sur la place publique traduit surtout un formidable déficit de dialogue.

S’il est souhaitable de « faciliter l’accès à une information fiable pour les patients » (Jean-Yves Lecoq), il l’est certainement tout autant que chacun s’engage à utiliser pleinement les moyens existants pour assurer cette garantie. Alors qu’il existe en France un processus de certification pour garantir au public la qualité des informations santé mises en ligne sur internet, comment expliquer que tant de sites y échappent ? Et surtout que tant de laboratoires pharmaceutiques – et pas des moindres – assurent par une présence publicitaire massive les beaux jours de sites au contenu non garanti ?

Pour faire le tour des opinions sur ce sujet important, de toutes les parties en cause vous pouvez vous rendre sur le site de la Commission européenne en cliquant ici.

  • Source : de notre envoyé spécial aux XIVèmes Universités d’été de la CSMF, Cannes, 19-21 septembre 2008 ; sondage BVA/Destination Santé réalisé les 13 et 14 mai 2005 auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 15 ans et plus. 1006 personnes interrogées par téléphone, selon la méthode des quotas.

Aller à la barre d’outils