











© Vach cameraman/shutterstock.com
90-60-90. Voici des mensurations de rêve. En tout cas, ce sont celles des mannequins présentés dans les médias comme la beauté incarnée. Cette représentation, pourtant trop maigre selon les recommandations sanitaires, est également très présente dans les jouets. De nombreuses poupées représentent ainsi un personnage féminin adulte très mince voire maigre, à l’image de la plus célèbre d’entre elles, Barbie®. La morphologie de ces jouets influe-t-elle sur la représentation de la beauté et l’acceptation de soi des petites qui les manipulent ? C’est ce qu’a souhaité déterminer une équipe composée de chercheurs britanniques de Durham University, Newcastle University et Northumbria University.
Pour ce faire, ils ont proposé à 30 fillettes âgées de 5 à 9 ans de jouer avec une poupée maigre (correspondant à un IMC entre 10 et 16), une poupée représentant un enfant réaliste (proportionnel au corps d’une petite fille de 7 à 9 ans en bonne santé) ou avec une petite voiture. Avant et après la session de jeux, les chercheurs ont interrogé les enfants sur la perception qu’elles avaient de leur propre corps et du corps idéal à l’aide d’un test numérique basé sur des images. Aimaient-elles leur corps ? Quelle était la morphologie adulte la plus esthétique selon elles ?
Le résultat est inquiétant. Les fillettes ayant joué avec les poupées ultra-minces considéraient que le corps féminin idéal était nettement plus maigre que ne l’imaginaient les filles ayant joué avec une voiture ou une poupée de taille réaliste.
« Jouer avec des poupées ultra-minces, vendues à des millions d’exemplaires chaque année dans le monde, peut avoir un impact négatif réel sur l’image corporelle des petites filles », souligne le Pr Lynda Boothroyd, principale autrice de ce travail. D’autant que ces jouets s’ajoutent « aux images de corps irréalistes montrés dans les films, à la télévision et sur les réseaux sociaux ». Un conditionnement de la représentation du corps féminin qui porte préjudice à l’acceptation de son propre corps en tant que fille et femme. « C’est un problème à résoudre car l’insatisfaction vis-à-vis de son propre corps induit de graves conséquences chez de nombreuses jeunes filles, parmi lesquelles des troubles du comportement alimentaire et de la dépression », conclut-elle.
Source : Durham University, Newcastle University and Northumbria University, mars 2021
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche
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