Les soignants, souvent victimes de burn-out
06 mai 2021
Surcharge de travail, stress lié à la crise sanitaire, manque de personnel dans les rangs : les facteurs de risque exposant les soignants et les étudiants au burn-out sont multiples. Tout comme les symptômes dont souffrent ceux qui prennent soin de nous.
Ils le prennent en charge, mais ils en souffrent aussi. Les soignants et les étudiants en médecin notamment sont en effet loin d’être épargnés par le burn-out. En France, 67% des soignants et des infirmiers sont exposés à un risque de burn-out, également appelé syndrome d’épuisement professionnel*. Et un interne se suicide tous les 18 jours en études de médecine, un chiffre trois fois plus élevé que dans la population générale.
Les facteurs de risque propres aux soignants sont multiples : le manque de moyens dans les hôpitaux, la surcharge de travail, la pression systémique liée à la rentabilisation des consultations, le manque de temps pour une prise en charge de qualité, la perte de sens sur la démarche du soin. Et bien sûr la crise sanitaire de la Covid-19 qui éprouve les équipes depuis plus d’un an. Les causes peuvent aussi être intrinsèques comme le relevait l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) en 2017 : « la pénibilité peut être liée à la confrontation avec la souffrance et la mort, les prises en charge impliquant l’entrée dans l’intimité des patients… »
Un burn-out, des symptômes
Comme le rappellent les spécialistes de la revue Prescrire, indépendamment de la profession ou du statut, le burn-out se traduit par un « épuisement émotionnel, un sentiment de dépersonnalisation, une diminution du sentiment d’accomplissement dans l’exercice de sa profession ». Les symptômes peuvent atteindre la sphère :
– Physique : des tensions musculaires diffuses, des perturbations du sommeil, une asthénie, des troubles musculo-squelettiques (TMS), des vertiges, des troubles du comportement alimentaire, des troubles gastro-intestinaux ;
– Cognitive : des troubles de la concentration, de la mémoire ;
– Emotionnelle et psychologique : un manque d’entrain, une hypersensibilité accrue, une absence d’émotions, une irritabilité inhabituelle, une perte d’estime de soi, un risque de dépression ;
– Comportementale : un désengagement, un repli sur soi, une forme d’agressivité voire de violence, une absence d’empathie, une hausse du ressentiment, un sur-risque d’addiction. Chez les soignants spécifiquement, « la souffrance au travail peut entraîner des erreurs au cours des soins, des maltraitances de patients, des suicides », décrivent les auteurs de la revue Prescrire ;
Restez entourés
Pour se prémunir du risque du burn-out, ou le prendre en charge au plus tôt, les étudiants et les soignants « nécessitent une prise en charge spécifique via un réseau de soin adapté », rappelle l’INRS. Une prise en charge extérieure par un psychologue ou un psychiatre, ou au sein du service de santé de l’établissement (hôpital, université), s’avère nécessaire.
*le burn-out est défini comme syndrome d’épuisement professionnel par l’OMS depuis 2020
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Source : Revue Prescrire 451, mai 2021 - Intersyndicale nationale des internes, le 16 avril 2021 – « Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d'épuisement professionnel ou burnout », Institut national de recherche et de sécurité (INRS), mars 2017 - Etude HIMSS (Healthcare Information and Management Systems Society) et Nuances Communications, menée auprès de plus de 400 médecins et infirmiers dans 10 pays différents d’Europe et en Australie
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet